Tisseurs de liens 3/7 – Marie-Jeanne Martin : la toubib des Moulins
La médecine générale est une spécialité dépréciée, malgré son importance dans le système de soins. Dans une maison de santé d’un quartier populaire de Lille, Marie-Jeanne Martin et ses collègues soignent des vies plus que des bobos.
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La porte du cabinet est restée ouverte, derrière la patiente qui vient de partir en séchant ses larmes. L’écho de ses sanglots imprègne encore l’atmosphère. Marie-Jeanne Martin ne s’offre que quelques secondes pour jeter un coup d’œil à son ordinateur. Saisissant sa souris d’un geste machinal, la docteure chuchote le nom du suivant pour s’assurer de sa prononciation. « Le prochain patient est souvent débordé par les émotions, glisse-t-elle en se levant de sa chaise. Nous allons tout de suite savoir s’il est dans un bon ou un mauvais jour. »
Une nouvelle histoire s’installe dans son huis clos protecteur. Le patient est encore en retenue, muré dans l’ennui de la salle d’attente où il a patienté pendant près d’une heure. Mais très vite sa coquille s’ouvre, ses yeux cherchent le regard de la médecin et sa langue se délie. Dans le cabinet de Marie-Jeanne Martin, on rit aux éclats, on fond en larmes, on murmure des confidences qu’on ne livre à personne d’autre.
Installée dans le quartier pauvre des Moulins, à Lille, la médecin s’occupe des maux de la précarité. Elle accompagne beaucoup de mères seules, de victimes de violences conjugales et de personnes migrantes. Avec une majorité d’allocataires de la couverture maladie universelle (CMU) et de l’aide médicale d’État (AME). La proximité d’un centre LGBTQI+ l’a aussi conduite à se former à la transidentité, ce qui lui attire une patientèle venue parfois de loin.
La Maison dispersée de santé, fondée en 1986, a grandi au fil des années, « pour répondre aux manques qu’on voyait sur le terrain », raconte Marie-Jeanne Martin. Au rez-de-chaussée, un
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