En Ukraine, le lourd tribut des anciens à la guerre
Isolées, affaiblies, peu mobiles, les personnes âgées sont souvent les dernières à quitter leur ville, malgré les bombardements ou l’occupation.
dans l’hebdo N° 1703 Acheter ce numéro

© Hugo Lautissier
Boutcha, 50 km au nord-ouest de Kyiv. Sous une pluie battante, Nina tente de faire cuire des sardines dans une eau chauffée par quelques bûches. « Ce n’est pas pour moi, c’est pour les chats du quartier », explique cette petite femme de 83 ans, pourtant amaigrie, qui veille sur une dizaine de félins abandonnés par les voisins lors de leur fuite.
Dans cette ville martyre de 30 000 habitants, où l’occupant russe a laissé plusieurs centaines de cadavres dans son sillage, il n’y a plus ni électricité, ni gaz, ni eau courante. Les habitants cuisinent à même le sol, devant les immeubles. Quand ils ont de quoi manger. Pour Nina, qui a vécu isolée dans son appartement pendant un mois, il n’a jamais été question de quitter Boutcha. Malgré la présence angoissante des soldats russes, l’absence de nourriture et l’impossibilité de se déplacer dans les abris souterrains lors des bombardements. Partir pour aller où ? « Mon fils est moine, il habite loin et m’a demandé de quitter Boutcha. Mais je n’ai nulle part où aller. Je n’ai pas eu vraiment peur des Russes. Ce sont des barbares, mais pas au point de s’en prendre à une vieille femme. Ils ont pillé certains appartements de mon immeuble, mais ils ont épargné le mien. Je me suis contentée de suivre leurs consignes. Pour sortir, par exemple, il fallait porter un brassard blanc, sinon on pouvait être tué », raconte Nina.
Quelques rues
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