La NUPES loin de faire l’unanimité dans les quartiers populaires

Annie Ernaux est sur le devant de la scène littéraire et cinématographique. Et elle manifeste plus que jamais son implication dans la vie de la cité, notamment en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Autant de raisons pour une rencontre.

Maxime Sirvins  • 10 mai 2022 abonné·es
La NUPES loin de faire l’unanimité dans les quartiers populaires
© Francesca Mantovani / Ed. Gallimard

Les jeux d’alliances et les négociations entre la France insoumise et les autres partis de gauche ont eu pour conséquence que certains militants implantés localement n’ont pas été investis en vue des prochaines élections législatives.

Après l’alliance avec le PCF, le 3 mai, Aurélie Trouvé, présidente du Parlement de l’Union populaire s’est exprimée sur twitter : « Pensée chaleureuse à toutes celles et tous ceux qui sont en train de retirer leurs candidatures, pour que puisse vivre cette nouvelle union populaire. La victoire sera possible grâce à vous. »

Sanaa Saitouli est au nombre de ces « sacrifiés ». Candidate à Cergy pour la 10e circonscription du Val-d’Oise, elle a perdu son investiture au profit d’Aurélien Taché, député sortant élu sous la bannière LREM avant de la quitter pour co-présider le parti Les Nouveaux Démocrates.

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Ils sont aujourd’hui nombreux et nombreuses à ne pas comprendre les choix d’investiture de la NUPES dans certains quartiers populaires.

Crainte des parachutages

Un appel intitulé « Législatives et quartiers populaires : ni supplétifs, ni suppléants ! », lancé à l’initiative de deux militants écologistes, Steevy Gustave (conseiller municipal à Brétigny-sur-Orge) et Sami Adili (conseiller municipal à Viry-Châtillon) a recueilli une centaine de signatures. Le texte appelle, entre autres, « la gauche et les écologistes à ne pas retomber dans les travers du passé en minimisant l’effet miroir et la représentativité nécessaire des couches populaires ». La tribune rappelle que lors de l’élection présidentielle, « les couches populaires » se sont mobilisées « pour faire barrage à l’extrême droite et réaffirmer son envie de solidarité pour toutes et tous ». Les signataires refusent « d’être un peu plus invisibilisés par des parachutages qui n’ont aucun sens pour les électeurs et électrices ».

Même inquiétude pour le collectif « On s’en mêle », constitué d’acteurs des luttes des quartiers populaires, qui avait pourtant appelé à voter pour Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour de l’élection présidentielle. Présents à l’assemblée nationale des quartiers populaires, organisée dimanche 8 mai à Stains en Seine-Saint-Denis, ils craignent pour certains d’être instrumentalisés même si des membres du collectif ont choisi de rejoindre cette nouvelle union populaire. Pour Abdelkader Lahmar, candidat aux législatives dans la 7ᵉ circonscription du Rhône au sein de la NUPES, _« si on a la prétention d’avoir une place en politique, il faut faire de la politique comme eux font de la politique ! Le militantisme de terrain ne doit pas se détacher du militantisme politique ».

Dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux mardi 10 mai, Taha Bouhafs annonce retirer sa candidature aux élections législatives après avoir reçu tous les jours _« une nouvelle calomnie, une nouvelle insulte, une nouvelle menace de mort, une nouvelle accusation ». Après avoir « été soutenu » mais « pas assez pour tenir », écrit-il, son retrait a tout de suite fait réagir sur les réseaux. De nombreux militants s’indignent du traitement médiatique envers Taha Bouhafs mais critiquent aussi la Nupes. Alors que sur Twitter des hashtags #SansTahaSansMaVoix ou #BoycottNUPES apparaissent, c’est surtout la goutte d’eau de trop pour certains militants : « Après la mise à l’écart de candidats issus des quartiers populaires ou non blancs, ça commence à faire beaucoup. »

Littérature
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