« Si c’est ça le destin », de Helga Reidemeister : Aux côtés des humbles

L’œuvre documentaire d’Helga Reidemeister mérite amplement d’être découverte.

Christophe Kantcheff  • 21 juin 2022 abonné·es
« Si c’est ça le destin », de Helga Reidemeister : Aux côtés des humbles
© ZDF / DFFB / Literarische Colloquium Berlin

Helga Reidemeister ? Il n’est pas exagéré de dire que cette réalisatrice allemande, née en 1940 et morte en novembre 2021, était passée jusqu’ici sous nos radars. Un cycle lui est consacré dans le cadre de la manifestation « Berlin, nos années 20 », qui se déroule au Centre Pompidou, à Paris. C’est l’occasion de découvrir une œuvre documentaire singulière et résolument tournée vers les pauvres, en particulier les femmes, les ouvrières. « Tournée vers » est un abus de langage. Notamment si on considère ses deux premiers longs-métrages, réalisés en étroite collaboration avec ses protagonistes.

Le Rêve acheté (1977) montre un couple d’ouvriers, Irene et Günter Bruder, au chômage, dans une cité de Berlin-Ouest, parents de quatre enfants, dont les images en super 8 ont été tournées par les Bruder eux-mêmes. Si c’est ça le destin (1979) nous met en présence d’une femme de 48 ans désormais dépendante d’une allocation pour handicapés, Irene Rabowitz, qui, après vingt ans de mariage, a décidé de divorcer, une décision qui n’a pas été du goût des deux aînés de ses quatre enfants. Helga Reidemeister la filme aussi pendant la postproduction, car elle lui a proposé d’assister au montage et de commenter les rushs.

Si la démarche initiale de la cinéaste était empreinte d’un désir sociologique, mettant au jour les déterminismes sociaux et la domination masculine, elle s’est toujours accompagnée d’une position égalitaire entre le ou la filmé·e et la filmeuse. Enfant de la Seconde Guerre mondiale, Helga Reidemeister a aussi tourné plusieurs films qui attestent combien cette expérience l’a marquée, notamment ses films sur Berlin ou l’Afghanistan. Il est temps de réparer une injustice en découvrant l’œuvre de cette femme qui a réalisé des films dans l’espoir que le monde puisse être meilleur.

Si c’est ça le destin, Helga Reidemeister, jusqu’au 3 juillet, La Cinémathèque du documentaire à la BPI, Centre Pompidou, Paris.

Cinéma
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