Titres de séjour en ligne : Le Conseil d’État dit « non »

La plus haute juridiction a enjoint à l’État de « garantir la possibilité de recourir à une solution de substitution ».

Politis  • 8 juin 2022
Partager :
Titres de séjour en ligne : Le Conseil d’État dit « non »
© Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Rare bonne nouvelle pour les personnes sans-papiers ! Par sa décision rendue le vendredi 3 juin, le Conseil d’État a retoqué les textes qui leur imposent, pour obtenir leur titre de séjour en France, de déposer leur demande uniquement en ligne. Devant de graves manquements d’accès au droit, la plus haute juridiction a enjoint à l’État de _« garantir la possibilité de recourir à une solution de substitution » pour les personnes qui se trouvent dans l’impossibilité de procéder aux démarches sur Internet. Et elles sont nombreuses.

Si le but affiché était de désengorger les files d’attente devant les préfectures, cet énième maillon de la dématérialisation du service public enfonçait encore plus les personnes sans titre de séjour dans l’instabilité administrative. Dans cinq départements (Hérault, Ille-et-Vilaine, Rhône, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), il n’était même plus possible d’avoir un rendez-vous « physique » : tout devait se passer derrière un écran. Encore fallait-il, pour ce public précaire, avoir accès au matériel nécessaire et réussir à naviguer sur une plateforme saturée et non traduite. Comme si tout était fait pour constituer une vraie « fabrique à sans-papiers ».

Lire > La « fabrique à sans-papiers »

La situation a largement empiré pendant la crise sanitaire, puis lorsque la plateforme de prise de rendez-vous a été créée, au moment de la réouverture des préfectures. Massivement utilisé par les publics concernés, le site avait connu des dysfonctionnements importants, empêchant des personnes en situation d’urgence d’accéder au guichet.

Devant un tel abandon de la part des préfectures, six associations – la Ligue des droits de l’Homme, la Cimade, le Gisti, le Secours catholique, le Syndicat des avocats de France et l’Unef – avaient assigné en justice les cinq départements en saisissant le Conseil d’État. Des démarches qui faisaient suite à des alertes du Défenseur des droits – les premières remontent à 2013. Il était temps de réagir !

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »
Entretien 10 juin 2025 abonné·es

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »

Alors que des groupuscules d’extrême droite annoncent un rassemblement discret à Châteaubriant, le collectif Réveillons la Résistance organise une contre-mobilisation citoyenne le 14 juin. Entretien avec une de ses militantes.
Par Juliette Heinzlef
Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »
Reportage 10 juin 2025 abonné·es

Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »

À Montargis, petite ville du Loiret, le calme habituel a laissé place à un front populaire. Le 9 juin 2025, un cortège de 4 000 personnes a défilé contre la tenue d’un meeting d’extrême droite rassemblant Marine Le Pen, Jordan Bardella, Viktor Orbán et Matteo Salvini.
Par Thomas Lefèvre
Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative
Justice 7 juin 2025

Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative

Après l’expulsion de la Gaîté lyrique en mars, 23 jeunes ont reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une répression vivement dénoncée par le collectif des jeunes du parc de Belleville. Vendredi 6 juin avaient lieu les premières audiences au tribunal administratif.
Par Élise Leclercq
Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis
Enquête 7 juin 2025 abonné·es

Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis

Deux hommes ont été placés en garde à vue après des plaintes du collectif fémonationaliste, venues perturber un meeting organisé contre les OQTF. Dix jours après les faits, les témoins dénoncent la coopération entre les militantes d’extrême droite et la police lors des interpellations.
Par Pauline Migevant