À Toulouse, de jeunes exilés à la rue

Une centaine de mineurs et jeunes majeurs ont été expulsés à quelques jours de la rentrée des classes. Riverains et associations se mobilisent.

Politis  • 31 août 2022
Partager :
À Toulouse, de jeunes exilés à la rue

À quelques jours de la rentrée des classes, une centaine d’exilés mineurs ou jeunes majeurs ont été expulsés à l’aube par des colonnes de CRS de l’ancien Ehpad des Tourelles, qui les abritait depuis 2019. À cette époque, la ville et la métropole de Toulouse avaient mis en place un « dispositif d’hébergement provisoire », le temps que les services sociaux du département confirment leur minorité. En janvier dernier, la municipalité a annoncé la fin de cette expérimentation d’accueil. Le centre communal d’action sociale, propriétaire du lieu, avait saisi le tribunal administratif de Toulouse en référé pour récupérer les locaux et obtenu gain de cause. 

La seule question cruciale qui vaille est celle-ci : comment vont vivre ces jeunes hommes au quotidien désormais ? Sujet sensible car, en fonction de leur âge, le dédale administratif n’est pas le même : les mineurs sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, les majeurs sont expulsables du territoire français. 

« Certains vont bientôt faire leur rentrée scolaire alors qu’ils dorment là, dehors. »

Les associations solidaires affirment que 90 % des exilés sont mineurs, tandis que Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la métropole, a exprimé sa crainte qu’il y ait surtout « des faux mineurs, des majeurs en train de frauder » : « Le problème est que la quasi-totalité d’entre eux, à part 3 ou 4 sur 200, ont refusé de se soumettre aux formalités, ont refusé de dialoguer avec les travailleurs sociaux ».

En attendant que le juge pour enfants décide de leur sort, ces exilés passent leurs journées et leurs nuits dans la rue, à deux pas du palais de justice. « Il n’y a pas d’autres endroits, du coup des couvertures sont installées par terre sur la pelouse des allées Jules-Guesde. Certains vont bientôt faire leur rentrée scolaire alors qu’ils dorment là, dehors, sous les arbres. On demande un hébergement d’urgence », a expliqué Jennifer Gruman, du collectif local AutonoMIE, sur France Bleu Occitanie. Les riverains et bénévoles d’associations solidaires tentent de subvenir aux besoins les plus urgents en collectant directement sur place tentes, couvertures, sacs à dos, nourriture et bidons d’eau.

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI
Enquête 11 décembre 2025 abonné·es

Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI

Convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure alors qu’ils demandaient la nationalité française, trois Palestiniens racontent les entretiens durant lesquels on leur a suggéré de fournir aux Renseignements des informations sur le mouvement associatif palestinien.
Par Pauline Migevant
« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »
Entretien 11 décembre 2025

« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »

En Europe, les Palestiniens sont de plus en plus ciblés par les surveillances numériques ou les fermetures de comptes bancaires. Layla Kattermann, responsable de la veille pour l’European Legal Support Center, revient sur ce standard européen de surveillance.
Par William Jean
À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 libéré

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins
« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN
Récit 5 décembre 2025

« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN

À chaque événement public où se trouve Daniel Grenon, la militante d’Extinction Rebellion brandit une pancarte rappelant que « le racisme est un délit ». Un acte pour lequel elle a été convoquée plusieurs fois au commissariat et reçu un avertissement pénal probatoire.
Par Pauline Migevant