Bande-dessinée : les antipodes d’Alison Bechdel

Connue pour son test qui détermine la sous-représentation féminine au cinéma, cette autrice publie aussi des BD drôles et complexes. La dernière est sélectionnée pour le prix Médicis, une première.

Marion Dumand  • 28 septembre 2022 abonné·es
Bande-dessinée : les antipodes d’Alison Bechdel
© Photo : Éditions Denoël.

Être sujet est un acte d’agression. Dans un combat psychique mortel entre Attila le Hun et Virginia Woolf, je miserais cinquante/cinquante ». Penser un tel pari relève de la merveille. Simultanément, sous la voix de la narratrice et auteure Alison Bechdel, un break familial s’engage dans une allée américaine avec son gazon et sa boîte aux lettres. Pour être plus précis, il part. À son bord, nous montre la case précédente : Alison Bechdel gamine et sa mère fulminant, clope au bec. Case nommant en parallèle La Promenade au phare, « roman familial complexe [de Virginia Woolf qui] conquiert aussi le monde ».

Tout au-dessus, en haut de la page, il y a un diagramme dessiné par Donald Winnicott, précurseur de la pédopsychanalyse, sur « l’aire située entre l’objectif et le subjectif », puis Alison Bechdel adulte en train de lire une interview de Clare Winnicott, épouse, donc, de l’inventeur de « la mère suffisamment bonne ». Suit la transcription surlignée où Clare précise qu’aux figures conquérantes à la Napoléon, suggérées par le journaliste, son mari préférait la complexité de Virginia Woolf.

Vous suivez ? Peut-être pas, et ce serait bien compréhensible, car c’est là le talent sidérant d’Alison Bechdel : réunir en cinq cases des mondes aux antipodes, les nouer dans une narration limpide,

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Littérature
Temps de lecture : 6 minutes