Écologie : point de bascule dans les médias !

Une « charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » voit le jour. Avec l’espoir que le traitement médiatique de la question environnementale change enfin.

Vanina Delmas  • 14 septembre 2022
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Écologie : point de bascule dans les médias !
© Photo aérienne d'un cimetière de Los Angeles (un des plus anciens de la ville, sans nom) obligé de restreindre l'arrosage du gazon, en Californie, le 12 septembre 2022. (Photo : MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP.)

En 1972, Pierre Fournier, dessinateur et journaliste de Charlie Hebdo, lançait La Gueule ouverte, sous-titré Le Journal qui annonce la fin du monde. L’idée : ne plus se taire face à la destruction de la nature, aux ravages de la société industrielle et à la toute-puissance techniciste incarnée par le nucléaire.

C’était l’année de la conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm, l’année de la sortie du rapport du Club de Rome, intitulé Les Limites à la croissance. Cinquante ans plus tard, alors que l’humanité a franchi la cinquième (la pollution chimique) et la sixième (le cycle de l’eau douce) limites planétaires sur les neuf définies par la science, l’heure est à l’introspection dans les médias français. Une « charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique », élaborée depuis des mois par un collectif de journalistes et dont Politis est signataire, est dévoilée ce 14 septembre et à télécharger ici. Elle suscite un bel engouement, que l’on espère durable et à l’origine de transformations irréversibles.

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Le climatoscepticisme n’est désormais plus qu’un résidu de paroles ou d’écrits qui n’ont plus vraiment d’écho – et heureusement ! Mais le feu de la désinformation et de la mal-information n’est pas éteint pour autant. Quelques exemples : la sortie du rapport du Giec en août 2021 éclipsée par le transfert d’un joueur du PSG ; des journalistes politiques se contentant d’interroger les candidat·es à la présidentielle sur le nucléaire pour cocher la case « écologie » ; un quotidien régional qui titre « La canicule heureuse » alors que l’été 2022 est le deuxième le plus chaud en France après celui de 2003. Une banalisation dangereuse.

Pour informer au mieux sur l’urgence climatique, il n’y a pas de sobriété qui tienne. Place à la rigueur. Et à la radicalité !

Comment s’améliorer ? Question de choix, de volonté. Et peut-être un peu de sens de la rébellion. Car, outre le manque de formation scientifique dont sont atteints la plupart des journalistes, d’autres arguments sont avancés pour réduire à peau de chagrin les sujets sur l’urgence écologique, particulièrement à la télé : pas assez d’audience, trop anxiogènes, difficiles à illustrer…

Place à la rigueur et à la radicalité !

Faut-il voir éclore des journalistes frondeurs dans les rédactions les plus généralistes qui tiendraient tête aux décisions éditoriales ? Des guérilleros écolos de l’info, prêts à saboter un JT pour parler plus de trois minutes des points de bascule que l’humanité franchit au fur et à mesure que la planète se réchauffe ? Assisterons-nous un jour à une édition spéciale du journal télévisé consacrée à l’urgence écologique avec la brillante climatologue Valérie Masson-Delmotte, interviewée longuement sur le plateau de TF1 à une heure de grande écoute ? Le défi est lancé. Car, pour informer au mieux sur l’urgence climatique, il n’y a pas de sobriété qui tienne. Place à la rigueur. Et à la radicalité !


Les 12 points de la « charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » :

© Politis
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Parti pris

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