« Couteau/Haute Forme » : Super Parquet, pied au plancher

Mêlant airs traditionnels, rythmes électroniques et crépitements bruitistes, le groupe « néo-trad » publie un double album intense et irrésistible.

Jérôme Provençal  • 19 octobre 2022 abonné·es
« Couteau/Haute Forme » : Super Parquet, pied au plancher
© Photo : Ben Pi.

Remarquable représentant de la mouvance néo-trad (ou post-trad, si l’on préfère), très vivace en France depuis quelques années, Super Parquet réunit en son sein quatre jeunes musiciens : Julien Baratay (machines, voix), Antoine Cognet (banjo), Simon Drouhin (boîte à bourdon électrique, synthés, effets) et Louis Jacques (voix, cabrette, cornemuse) – un aréopage pour le moins atypique. S’ajoute l’ingénieur du son Léo Petoin, qui réalise tous les enregistrements et apparaît comme le cinquième membre de la bande.

Couteau/Haute forme, Super Parquet(Airfono), en concert le 23 octobre à Marseille (pour les 10 ans du Muerto Coco), superparquet.com.

Tout a démarré en 2012 au Cefedem Auvergne Rhône-Alpes (un centre de ressources professionnelles et d’enseignement supérieur artistique). Alors dans leur vingtaine, Julien Baratay, Simon Drouhin et Louis Jacques s’y sont rencontrés dans le cadre de leurs études et sont devenus amis.

« Julien et moi étions surtout intéressés par les musiques électroniques, raconte Simon Drouhin. Un jour, Louis nous a emmenés dans un bal trad’ – expérience révélatrice. Déconstruisant les clichés que nous avions sur les musiques traditionnelles, nous avons également pris conscience des fortes similitudes entre ces bals et les rave-parties. »

© Politis
Photo : Ben Pi.

Les trois acolytes décident alors de faire de la musique ensemble, Antoine Cognet et Léo Petoin les rejoignant peu après. Ainsi charpenté, Super Parquet a commencé à crisser à partir de 2014 en posant d’emblée ses éléments constitutifs fondamentaux : motifs répétitifs, longs (parfois même très longs) morceaux, bourdons et autres sons continus, expérimentation, invitation à la danse – voire à la transe

Processus empirique

Puisant principalement son matériau de départ dans le vaste réservoir d’airs traditionnels du centre/centre ouest de la France (la Touraine notamment), le groupe génère sa musique suivant un processus créatif très empirique. «Nous improvisons, nous essayons des choses et, au bout d’un moment, nous épurons pour affiner les morceaux», résume Simon Drouhin.

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Après un EP inaugural (2015) et un premier album (2019), fortement stimulants, Super Parquet enfonce le clou avec Couteau/Haute Forme. Édité par Airfono, excellent label indépendant parisien, ce nouvel album se divise en deux parties, comme le titre le suggère.

La première partie (Couteau) se découpe en quatre morceaux, durant entre cinq et huit minutes, typiques du groupe. S’y entrechoquent bourdonnements lancinants, pulsations profondes, brisures stridentes et éclats bruitistes. Augmenté de vocaux entêtants sur deux morceaux (« Douze mois » et « Adieu Privas »), le tout s’écoule, incandescent et tumultueux, à la façon d’un torrent de lave.

La seconde partie (Haute Forme) consiste en une longue plage de près de quarante minutes, elle-même scindée en deux : mue par une dynamique incantatoire, aux martèlements puissants, pendant les douze premières minutes, elle se transforme ensuite en une ballade méditative (chantée), aux ardents frémissements, puis se hisse vers les nuées de la musique ambient et s’achève sur une bourrée hallucinée. Une intense traversée totalement hors normes.

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Musique
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