« The Garden » de Motel Radio : discrets feux d’artifice pop

Ne pas se fier au nom passe-partout : Motel Radio est un magnifique quartet d’orfèvres pop, comme en témoigne son dernier opus.

Jacques Vincent  • 5 octobre 2022 abonné·es
« The Garden » de Motel Radio : discrets feux d’artifice pop
© Motel Radio, un groupe tout en délicatesse aux compositions cristallines. (Photo : DR.)

Motel Radio est un groupe qui fait peu de bruit. Il faut entendre par là que sa musique ne repose pas sur une avalanche de décibels, mais aussi que les informations qui le concernent sont étonnamment rares.

The Garden, Motel Radio, Single Lock Records/Modulor.

Quatre camarades d’université qui décident de monter un groupe et écument les bars en jouant des reprises devant d’autres étudiants avant d’écrire leurs propres compositions. Voilà pour l’histoire. Et ce n’est pas leur nom tellement banal qui va permettre d’en imaginer une autre.

À ce stade, on peut légitimement commencer à se demander pourquoi s’intéresser à ce groupe. La réponse, à l’écoute de son troisième album, pourrait tenir en un mot : « Wise ». Soit le titre d’ouverture, dont la mélodie ondulante et voluptueuse agit comme un charme puissant et durable.

« Wise » résume la grammaire d’un art qui trouve de nombreuses autres illustrations au cours de l’album et culmine avec cette merveille qu’est « Outta Sight », au rythme un peu plus soutenu qui l’emmène, une fois n’est pas coutume, vers une power pop proche de ce que pouvait faire un groupe comme le Dwight Twilley Band.

Car évidemment « Wise », que l’on a envie d’écouter en boucle, n’est que l’entrée lumineuse d’un disque qui comporte nombre d’autres pépites et révèle la vraie nature de ces quatre musiciens : de véritables orfèvres pop. En particulier les deux leaders, coauteurs des chansons, guitaristes et chanteurs, Ian Wellman et Winston Triolo.

Motel Radio est donc un groupe qui agit en douceur, fait peu de bruit et montre assez vite qu’il n’en a pas besoin pour attirer l’oreille et la conserver, possédant au plus haut point finesse, talent mélodique et bien sûr d’exceptionnelles dispositions vocales.

Motel Radio dit que ce disque parle de choisir la recherche de la clarté, même s’il s’agit d’une « clarté faible et vacillante qui peut s’éteindre à chaque seconde ».

Autant de qualités développées avec la simplicité qui semble caractériser le groupe dans tous les domaines, de même qu’une parfaite conscience de son territoire d’excellence, ce que prouve le choix de s’en tenir à son instrumentation de base, guitares, basse et batterie, excluant tout ajout extérieur qui viendrait mettre en péril le précieux équilibre sur lequel reposent les compositions.

© Politis
(Photo : DR.)

D’ailleurs, pourquoi chercher à alourdir le propos quand on peut, avec deux guitares, lâcher dans l’air des notes cristallines qui font comme de discrets feux d’artifice tirés en plein jour ?

Motel Radio dit que ce disque parle de choisir la recherche de la clarté, même s’il s’agit d’une « clarté faible et vacillante qui peut s’éteindre à chaque seconde ». La délicatesse des chansons en est le reflet exact.

Musique
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