« Le piège de Huda » : une autre arme de guerre

Le réalisateur palestinien Hany Abu-Assad montre comment le soupçon minant la société palestinienne aide les occupants israéliens.

Denis Sieffert  • 31 janvier 2023 abonné·es
« Le piège de Huda » : une autre arme de guerre
© Destiny Films

Le Piège de Huda / Hany Abu-Assad / 1 h 30

Une phrase d’un personnage du film du réalisateur palestinien Hany Abu-Assad, Le Piège de Huda, résume la cynique stratégie israélienne d’occupation des territoires : « C’est plus facile d’occuper une société qui se réprime elle-même. » On en comprendra le sens au fil de ce récit tiré de faits réels.

Huda (Manal Awad), la coiffeuse, drogue Reem (Maisa Abd Elhadi), sa cliente, la dénude et la photographie dans les poses les plus compromettantes. Le piège se referme sur la jeune mère désormais contrainte de renseigner les autorités d’occupation.

Perpétuel soupçon

Il serait moins redoutable si la société palestinienne ne faisait pas peser sur les femmes un perpétuel soupçon et si le mari n’était pas en proie à une jalousie plus culturelle qu’affective. Un thème qui n’est pas mineur dans le propos du cinéaste. Dans l’impossibilité de se confier, Reem est condamnée à cette solitude qui a poussé d’autres victimes de Huda au suicide. « Pourquoi moi ? » se demande-t-elle, comme pourrait se demander tout son peuple.

La « volonté de Dieu » n’est en vérité que le sordide de la guerre livrée par Israël. La culpabilité est retournée contre Reem. Elle n’épargne pas Hasan (Ali Suliman), le rebelle, qui porte en lui la mort d’un ami jadis dénoncé aux soldats israéliens. Le film d’Hany Abu-Assad ne montre jamais l’occupant, mais une société minée par le soupçon. L’arme la plus perverse de la guerre

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Cinéma
Temps de lecture : 1 minute