« Rewind and Play » d’Alain Gomis : la solitude du pianiste
Pour réaliser son film, Alain Gomis a utilisé les rushs d’une émission télévisée de 1969 avec Thelonious Monk. Édifiant sur le racisme inconscient et la machine médiatique.
dans l’hebdo N° 1740 Acheter ce numéro
En septembre 1969, Thelonious Monk est de passage à Paris pour un concert à la salle Pleyel. En tournée européenne – la veille au soir, il était à Bruxelles –, le pianiste au style inimitable est, depuis le début des années 1960, au faîte de sa gloire.
La télévision française en profite pour organiser un tournage dans l’après-midi même, où Monk répondrait à des questions et jouerait quelques titres. L’émission, d’une trentaine de minutes, fut diffusée peu de temps après.
C’est cette émission qu’Alain Gomis, actuellement en train de travailler à une fiction sur Monk, a demandé à voir auprès de l’Institut national de l’audiovisuel, qui lui a envoyé, en retour, non seulement l’émission elle-même, mais tous les rushs. Résultat : deux heures à visionner, dont il a tiré Rewind and Play.
Si Alain Gomis montre ce matériau que le public n’était pas censé voir, c’est parce qu’il témoigne d’un mécanisme médiatique à l’œuvre rarement mis au jour. D’un côté, installé à son piano, Thelonious Monk n’est certainement pas le « bon client » que la télévision affectionne. Peu disert, comme à son habitude, il est pourtant ici affable, coopératif et endurant.
Pulsions immaîtriséesEn face, son interlocuteur est debout, les avant-bras posés sur l’instrument – à elle seule, cette position instaure une
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