« Je récuse l’assignation identitaire »
Avec Pour la France, Rachid Hami s’est appuyé sur l’histoire de sa famille, en particulier la mort de son frère à Saint-Cyr, pour réaliser un film subtil qui ne joue pas sur la dénonciation mais sur la reconnaissance de la part d’humanité en chacun et le respect des principes fondamentaux.
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© Gophoto-MizarFilms.
Il y a un peu plus de dix ans mourait Jallal Hami, élève de l’école militaire de Saint-Cyr, lors d’un exercice de bizutage. Son frère aîné, Rachid, devenu cinéaste, part de ce tragique épisode pour raconter comment la famille, ici nommée Saïdi, s’est battue pour faire reconnaître la responsabilité de l’armée dans cette affaire.
Il opère aussi en flash-back pour montrer les relations entre les deux frères, Aïssa (Shaïn Boumedine), jeune homme brillant, convaincu de la voie qu’il s’est tracée, et Ismaël (Karim Leklou), son aîné, qui, lui, employé dans une boulangerie, n’a pas encore trouvé sa place dans la société.
Les hommes avant les institutions, les sentiments avant les forts en gueule : tel est le regard que privilégie Pour la France, film d’une grande subtilité et à la structure élaborée, qui nous conduit entre la France et l’Algérie (pour le passé familial) et, de manière inattendue, à Taïwan, où Aïssa s’est rendu pour ses études. Rachid Hami met en scène une famille endeuillée, digne, exigeante sur les principes – d’où sa volonté de faire reconnaître le fait qu’Aïssa est mort en soldat et qu’il doit être traité comme tel.
Mon film n’est pas militant parce qu’il ne détermine pas ce qui est le bien et ce qui est le mal. En revanche, il est politique.
Il raconte aussi le destin de jeunes Arabes issus d’un milieu modeste et banlieusard, sans se conformer aux représentations courantes mais en restant au plus près d’existences à la fois simples et singulières. Ce deuxième long-métrage de Rachid Hami annonce peut-être une nouvelle génération de cinéastes qui, avec de telles histoires et cette façon de les raconter, ne seront plus les étendards d’un « cinéma des cités », mais accéderont à la catégorie reine, celle dont on dit qu’elle atteint à l’universel.
Pourquoi Pour la France n’est-il pas un film sur le racisme ?
Rachid Hami : Mon frère, Jallal, est entré à Saint-Cyr en troisième année, sur concours. Il est choisi parmi 1 200 jeunes gens qui sortent des grandes écoles. Il arrive cinquième à son concours. Pour le système qui l’incorpore, le fait qu’il soit né en Algérie, qu’il ait une double nationalité et qu’il soit musulman n’est pas un problème. Bien sûr, les élèves, eux, ne sont pas tous exempts de racisme.
Cependant, ce n’est pas le racisme qui cause la
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