« La Romancière, le film et le heureux hasard » : éloge du désir et de la légèreté

Dans son nouveau film, Hong Sangsoo évoque avec des biais sa méthode de cinéaste.

Christophe Kantcheff  • 14 février 2023 abonné·es
« La Romancière, le film et le heureux hasard » : éloge du désir et de la légèreté
© Arizona Distribution.

La Romancière, le film et le heureux hasard / Hong Sangsoo / 1 h 32.

Hong Sangsoo fait du cinéma en artisan. Il lui suffit de quelques comédiens – dont, la plupart du temps, son épouse, Kim Minhee –, d’un ingénieur du son, et l’affaire est réglée, le cinéaste sud-coréen assurant les autres postes : cadre, lumière, montage…

Sur le tournage, les dialogues sont écrits le jour pour le lendemain. Les maîtres mots de cette « méthode » sont l’intuition et la légèreté. Hong Sangsoo enchaîne ainsi les films encore plus rapidement qu’en son temps Éric Rohmer, avec lequel existent bien des points communs.

De cette façon de faire, il est question dans La Romancière, le film et le heureux hasard, le vingt-septième long-métrage d’Hong Sangsoo. Alors qu’elle ne parvient plus à écrire, une écrivaine, Junhee (Lee Hyeyoung), souhaite réaliser son premier film. Elle fait alors des rencontres fortuites.

la romancière le film et le heureux hasard affiche

La première est celle d’un cinéaste, Hyojin (Kwon Haeyo), qui, aux yeux de Junhee, ne s’est pas suffisamment battu pour adapter l’un de ses romans. Puis ce petit monde croise Kilsoo (Kim Minhee), une comédienne qui a décidé de se retirer.

La nécessité du désir

Dans chacune des discussions qui ont lieu alors, ce que Hong Sangsoo fait entendre, c’est la nécessité du désir. Junhee n’a plus le désir d’écrire. Celui de Hyojin de porter à l’écran un roman de Junhee n’était pas suffisamment fort. Tandis que Kilsoo a perdu celui de faire une carrière.

En revanche, Junhee est déterminée à réaliser un film. Elle s’adresse dans ce but à Kilsoo et à son neveu, étudiant dans une école de cinéma. C’est là qu’on retrouve l’esprit qui gouverne la pratique d’Hong Sangsoo. Junhee n’a pas d’intrigue prédéterminée : elle souhaite filmer Kilsoo au plus juste, la ­saisir dans son authenticité.

De ce film, on ne verra que quelques images, en couleur, contrastant avec le noir et blanc qu’Hong Sangsoo utilise désormais. Ce bref extrait d’un journal intime filmé résonne avec la manière dont Hong Sangsoo s’inscrit lui-même dans ses œuvres. Comme une évidence mais avec toujours le biais de la fiction. Dans La Romancière, le film et le heureux hasard, l’artifice n’est pas l’ennemi de la vérité.

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Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes