« L’Amitié » : la générosité des fenêtres
Alain Cavalier filme des personnes avec lesquelles il entretient ce sentiment depuis de longues années.
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© Smara Distribution.
Le premier s’appelle Boris Bergman, a écrit les paroles de quantité de chansons, dont celles d’Alain Bashung à ses débuts. Le deuxième, Maurice Bernart, fut producteur, en particulier de Thérèse (1985), l’un des films les plus célèbres d’Alain Cavalier. Enfin, le troisième est Thierry Labelle, le plus jeune (la cinquantaine), coursier de profession, qui a figuré dans un autre film du cinéaste, Libera me (1993). Parce qu’ils apparaissent séparément et successivement, on ne sait si ces trois hommes se connaissent (probablement non). Mais ils ont un point commun : ils sont amis avec Alain Cavalier. Et cela de longue date.
Ce qui émane avant tout du nouveau film d’Alain Cavalier, tourné le plus simplement du monde avec sa seule petite caméra, comme à son habitude, est ce lien de fidélité, fruit d’un long compagnonnage. Des amis d’au moins trente ans. Leur joie chaque fois de se retrouver est douce et manifeste, imprègne tout le film et devient dès lors communicative.
(Smara Distribution.)Les rencontres se déroulent dans les lieux de vie de ces trois hommes : leur appartement, leur maison. Comme souvent chez Cavalier, L’Amitié est un film d’intérieurs, qui concerne aussi l’intérieur des êtres – ce que la littérature sait dépeindre, lui le fait par l’image. Ces lieux de vie disent beaucoup de leur personnalité. Le tempérament bohème de Boris Bergman est saillant dans son appartement peu rangé.
Celui de Maurice Bernart et sa maison normande apparaissent au contraire ordonnés et cossus, attestant d’un besoin de sécurité. Quant à l’endroit où Thierry Labelle reçoit volontiers le cinéaste, c’est au sous-sol de sa maison de banlieue aménagé en tanière, où ce nostalgique de navigation en solitaire, toujours jovial, se retrouve à l’abri du monde, sirotant un verre de vin et fumant un joint de temps à autre.
Vibration d'existencesAlain Cavalier évoque des souvenirs communs, filme quelques scènes du quotidien, oriente les conversations, formule des requêtes. Il demande par exemple à Boris Bergman, qui est
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