Annie Le Brun : le rêve comme acte de résistance
L’écrivaine, jadis proche de Breton, nous livre une réflexion exigeante sur l’image.
dans l’hebdo N° 1758 Acheter ce numéro

Avec La Vitesse de l’ombre, Annie Le Brun conduit une œuvre d’une grande cohérence que l’on suit depuis ses travaux sur Sade. Une œuvre absolument singulière, poétique et politique. Avec ce dernier opus, elle nous invite dans son musée imaginaire qui ne s’arpente pas mais vient à nous par surgissements d’images réunies par le souvenir et le fantasme. Une déambulation dont elle dit elle-même qu’elle n’est ni organisée, ni préméditée, et qui commence symboliquement par ce « blanc sur blanc » qui nous suggère que tout est possible pour qui sait encore rêver.
Surgissent cet étonnant cycliste de Duchamp pédalant sur une partition, et ce Jockey perdu de Magritte, ou le regard de défi d’Alfred Jarry jeune adulte. L’œuvre, ici, naît autant de notre propre regard et de ce que nous lui prêtons de dépassement du visible. De ces œuvres qui lui sont « constitutives », Annie Le Brun tire l’« étrange certitude féroce qu’entre [un] autoportrait virtuose de Parmigiano, [un] portrait d’enfance de Roussel, et une photographie de Jarry, il y va de la même chose, à quatre cents ans de distance ». Cette chose, c’est cette « barricade mystérieuse » qui nous protège « de la bassesse du monde ». L’écrivaine aperçoit dans leurs yeux, qui semblent nous observer, comme un refus. Car, comme toujours avec Annie Le Brun, l’œuvre poétique se révèle
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