Rendre les médias audiovisuels plus participatifs

La concentration des médias compromet le pluralisme de l’information. La Fédération de l’audiovisuel participatif veut offrir des outils de décryptage aux citoyens, et leur permet de réaliser leurs contenus.

• 24 mai 2023
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Rendre les médias audiovisuels plus participatifs
Salah Regouane / Unsplash.

La concentration accélérée des médias compromet l’indépendance et le pluralisme de l’information, générant une méfiance généralisée de la population à son égard. La Fédération de l’audiovisuel participatif s’inscrit dans une démarche d’éducation populaire, offrant des outils de décryptage aux citoyens, et leur permettant aussi de réaliser leurs propres contenus. Par Dominique Fleurat, bénévole de la web TV MAP 36 de Châteauroux.


L’information et les médias font aujourd’hui l’objet de critiques, notamment à l’occasion des campagnes électorales, des mouvements sociaux ou de faits de société. La révolution des métiers de l’information, avec les réseaux sociaux, a accéléré la concentration du secteur, avec quelques grands patrons d’industrie qui captent les recettes publicitaires et mettent en danger l’indépendance et le pluralisme de l’information. Et c’est la crédibilité comme l’impartialité de l’information qui sont mises en doute par les citoyens.

Depuis plus de trente ans, des associations et des producteurs indépendants font entendre la voix de ceux auxquels on ne donne pas la parole, habitants des quartiers populaires ou des territoires ruraux, oubliés des grands médias nationaux. C’est dans la poursuite des combats de la Fédération des vidéos des pays et des quartiers (VDPQ), créée en 1989, qu’est née la Fédération de l’audiovisuel participatif. Elle rassemble plus d’une trentaine de médias en France, diffusés essentiellement par Internet, et a pour ambition à la fois d’accompagner les citoyens dans le décryptage de l’information et la réalisation de leurs propres films, et d’intervenir auprès des pouvoirs publics pour la reconnaissance de cette action.

Si la loi d’août 2001 a permis aux collectivités de créer ou de soutenir des chaînes d’information locales, elle n’a hélas ni donné les moyens de les soutenir ni encadré cette possibilité pour permettre à des associations, mises en concurrence avec des grands groupes, de trouver leur place. Ainsi, la Fédération des VDPQ a défendu la création d’un fonds de soutien spécifique pour ces associations, à l’image de celui qui existe pour les radios. C’est en 2015, après l’attentat contre Charlie Hebdo, qu’est né le fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, aujourd’hui pourvu de près de 1,8 million d’euros.

L’audiovisuel participatif est un enjeu de démocratie encore trop peu soutenu.

La Fédération de l’audiovisuel participatif revendique avec force sa démarche d’éducation populaire dans l’appropriation des médias par les groupes qu’elle accompagne. Elle a développé des compétences spécifiques dans la formation aussi bien professionnelle que bénévole et est positionnée comme un des opérateurs nationaux de formation à l’éducation aux médias et à l’information (EMI), aujourd’hui inscrite dans les programmes scolaires. La prise de conscience de ce besoin d’éducation a conduit le gouvernement à y consacrer des moyens financiers nouveaux. L’audiovisuel participatif, qui permet de produire de l’information par et pour les habitants, est un enjeu de démocratie encore trop peu soutenu.

Depuis plusieurs années, la fédération a adopté un fonctionnement original, fondé sur la mobilisation de ses adhérents et une grande souplesse d’action. Des chantiers divers (formations, outils numériques, élargissement du réseau, projets européens) sont pilotés par des bénévoles engagés qui en sont les référents. Les avancées sont étudiées et travaillées lors de réunions de contributeurs qui ont lieu deux ou trois fois par an sur un territoire différent, avec un suivi possible par tous les adhérents à l’aide des documents partagés en ligne. Les rencontres nationales sont l’occasion d’une mise en lumière de ce travail avec la transmission de savoir et d’expériences des diverses structures.

Après Marseille en 2022, c’est Zotéli, la télé libre du 108, rue de Bourgogne, qui accueille ces rencontres au cœur d’Orléans, du 1er au 4 juin. Le 1er juin sera une journée spécifique sur l’EMI avec du décryptage de l’information, de la formation, des ateliers ouverts et des tables rondes. Le 2 juin aura pour thématique : « nouveaux modèles économiques et démocratiques ».

Seront abordées la question des financements mais aussi la création de contenus par les citoyens. Le 3 juin sera consacré aux outils numériques dans toutes leurs dimensions de partage et d’information ou d’aide à la création. En soirée, place aux diffusions de films sur les transitions, les droits des femmes ou la lutte contre les discriminations, et un plateau animé par Radio Campus. Des moments de convivialité émailleront ces journées clôturées par un concert et l’AG institutionnelle.

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Carte blanche

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