« Les Feuilles mortes », lumières de Finlande
Aki Kaurismäki revient avec un film en forme d’épure, mêlant l’humour et la grâce.
dans l’hebdo N° 1776 Acheter ce numéro

Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen), les deux protagonistes des Feuilles mortes, vont voir The Dead Don’t Die, de Jim Jarmusch, un film de zombies dans la lignée ironique de La Nuit des morts-vivants. Au sortir de la salle, un spectateur dit à un autre : « Le film m’a fait penser au Journal d’un curé de campagne, de Bresson. » Et l’autre de lui répondre : « Moi, c’est plutôt à Bande à part, de Godard. » Au jeu des références, c’est portnawak !
Plus tard, une femme comparant les hommes à des porcs se voit répliquer par son amie, Ansa : « Non, les porcs sont futés et sympathiques. » Les Feuilles mortes, qui a reçu le prix du jury à Cannes, est truffé de ces reparties loufoques dont le cinéaste finlandais a le secret. Il multiplie les mots d’auteur au bord – mais au bord seulement – du désespoir. Voici du Kaurismäki à l’os, avec une intrigue minimaliste, quasi biblique : une femme et un homme se rencontrent et tombent amoureux.
Foi inébranlable dans le cinémaL’idylle connaît des obstacles : ils sont pauvres, malhabiles (l’homme perd le papier où elle avait noté son numéro de téléphone, chacun ignorant le nom de l’autre), il est alcoolique. Mais cette idylle doit exister face à la solitude des êtres et aux malheurs du monde, qui se manifestent par les nouvelles omniprésentes de la guerre en Ukraine et des crimes russes. Tragédie d’autant plus prégnante que nous sommes ici en Finlande. Une histoire d’amour
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