« Come Around and Love Me », tombé du ciel

Le premier album de l’Américain installé à Liverpool est un magnifique coup de maître. Une merveille soul.

Jacques Vincent  • 18 octobre 2023 abonné·es
« Come Around and Love Me », tombé du ciel
En onze titres tout en rondeur et nimbés d’une douce lumière automnale, Jalen Ngonda fait une entrée remarquée sur la scène soul mondiale.
© Rosie Cohe

Come Around and Love Me / Jalen Ngonda / Daptone Records-Modulor.

Dès les premières notes de l’album de Jalen Ngonda, c’est comme si les portes du ciel s’ouvraient pour déverser une pluie miraculeuse. Le morceau, comme l’album, s’intitule « Come Around and Love Me » et enthousiasme tant qu’on ne peut s’empêcher de l’écouter en boucle avant de passer à la suite, qui s’avère faite de la même poussière d’étoile. Tout est agencé à la perfection pour porter la voix haut perchée et un peu éraillée de Jalen Ngonda, le rythme enlevé, les percussions, les cordes soyeuses, les claviers, le saxophone, les chœurs, les accords de guitare tranchants, et cette basse au son rond et velouté qui semble dessiner un chemin voluptueux et délicat au milieu de cette luxuriance. 

Jalen Ngonda

Si tout cela vient du ciel, c’est sûrement que, là-haut, Marvin Gaye a ouvert un studio d’enregistrement. C’est en tout cas la comparaison qui vient le plus facilement à l’esprit, néanmoins pas le Marvin Gaye politique de What’s Going On : il est plutôt question d’amour chez Jalen Ngonda, qui joue sur du velours avec virtuosité. On l’a compris, Jalen Ngonda débarque dans la soul avec un premier album somptueux. Sa large culture musicale n’y est sans doute pas pour rien, avec une prédilection pour la musique anglaise des années 1960 et 1970.

Sous influence anglaise

D’où, peut-être, le fait qu’il ait quitté son Amérique natale pour s’installer à Liverpool. Les Beatles représentent, certes, une influence majeure, mais on n’oublie pas tous les groupes de la ville apparus au même moment, qui ont constitué cette scène appelée le Merseybeat. À cela s’ajoutent les Beach Boys et tout le catalogue Tamla-Motown. Et même Tchaïkovski, idéal selon le musicien pour se remettre d’une gueule de bois.

Et comme pour signifier qu’il peut aussi s’affranchir du cadre strictement soul, et peut-être donner un aperçu de la suite, voilà qu’il case en fin de disque ce hit en puissance qu’est « It Takes a Fool », avec flûte, vibraphone, cordes frissonnantes et écho sur une guitare saturée qui évoque un autre hit imparable, le « A Girl Like You » d’Edwyn Collins en 1995. En onze titres tout en rondeur et nimbés d’une douce lumière automnale, Jalen Ngonda fait une entrée remarquée sur la scène soul mondiale.

Tout Politis dans votre boîte email avec nos newsletters !
Musique
Temps de lecture : 2 minutes