« Étendre l’archive révolutionnaire » (1/2)
L’historienne Ludivine Bantigny et le politiste Laurent Jeanpierre, deux des cinq codirecteurs d’Une histoire globale des révolutions, présentent cet ouvrage qui se veut une ouverture dans le temps et dans l’espace pour l’étude des processus révolutionnaires, des révoltes et des contestations sociales. Première partie : que faire des révolutions ?

© VIRGINIE NGUYEN HOANG / AFP
L’historienne Ludivine Bantigny et le politiste Laurent Jeanpierre, deux des cinq codirecteurs de l’épaisse publication Une histoire globale des révolutions qui vient de paraître, ont accepté de répondre aux questions de Politis. Pour présenter un ouvrage qui, loin de tenter de circonscrire le sujet, se veut une ouverture dans le temps et dans l’espace pour l’étude des processus révolutionnaires, des révoltes et des contestations sociales. Un (gros) volume invitant à la recherche et la lecture bien au-delà de ses déjà grandes explorations des phénomènes révolutionnaires, aux quatre coins du globe. Ouvrage qui fera date. Première partie de cet entretien à deux voix. Le deuxième est à retrouver ici.
Première partie : Que faire des révolutions ?On parle ici de révolutions au pluriel, comme le souligne le titre de votre ouvrage. Révolutions légales, conservatrices, prolétariennes ou nationales, etc. Cette pluralité rend-elle encore possible de donner une définition de la révolution ?
Ludivine Bantigny : Nous avons d’abord souhaité laisser les autrices et les auteurs définir leur propre périmètre du phénomène révolutionnaire. C’est pourquoi nous ne fichons pas d’emblée une définition de la révolution, même si bien évidemment dans l’introduction (et dans un chapitre qui laisse se déployer l’évolution même du mot de « révolution »), on s’attelle à circonscrire ce périmètre.
Le premier critère est le populaire : il faut qu’il y ait du peuple, il faut qu’il y ait du soulèvement populaire pour qu’il y ait révolution ! Ce qui nous permet d’emblée de distinguer le phénomène révolutionnaire de coups d’État, car il peut y avoir des coups d’État militaires qui, en effet, renversent des pouvoirs, des régimes, des institutions, des constitutions, mais cela ne suffit pas à faire une révolution. Deuxièmement, il faut qu’il y ait un soulèvement populaire dans une perspective émancipatrice, avec des enjeux de justice, de droits, de libertés – même si cela peut parfois être nuancé – mais il faut quand même souvent une perspective d’affranchissement, d’émancipation. Enfin, il faut qu’il y ait renversement du pouvoir en place, dans toutes ses déclinaisons, d’un système ou d’un régime,
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