Splendeurs japonaises

Survenue en même temps que son homologue en France, à la fin des années 1950, la Nouvelle Vague japonaise a été symbolisée en Europe par le seul Nagisa Oshima (L’Empire des sens). Outre Yoshishige Yoshida, Masahiro Shinoda en est aussi une pièce maîtresse, dont les films ressortent en Blu-ray depuis quelques années. C’est au tour de Fleur pâle (1964) et de Gonza, le lancier (1986). Outre que ces cinéastes se sont éloignés des studios pour tourner dans la rue, leurs films offrent une vision critique, voire révoltée, de la société, intégrant dans leurs intrigues les minorités et les questions sociales.

Le spectateur est plongé dans l’empire du jeu, qui atteint ici une dimension existentielle.

Dans un des passionnants suppléments qui accompagnent cette édition, Masahiro Shinoda explique qu’il a choisi pour acteur de Fleur pâle un comédien à l’allure flegmatique, Ryo Ikebe, ce qui illustrait bien la perplexité politique dans laquelle sa génération se trouvait alors. Mais Fleur pâle est avant tout un film de yakuzas, à la superbe esthétique noir et blanc, qui en reprend les codes pour en jouer.

Le spectateur est plongé dans l’empire du jeu, qui atteint ici une dimension existentielle. Très impressionnant, ce film a tout du chef-d’œuvre. Gonza, le lancier, dont l’action se déroule au XVII^e siècle, est tout aussi non conformiste dans sa façon de reconstituer une époque, celle d’Edo, et dans sa mise en scène qui apparaît très moderne.