2027 : une primaire et deux candidats de gauche

Le congrès du Parti socialiste oppose deux lignes stratégiques : l’union élargie incluant une primaire ou le repli sur une candidature strictement socialiste. Le résultat pèsera lourd sur la présidentielle de 2027.

Pierre Jacquemain  • 30 mai 2025
Partager :
2027 : une primaire et deux candidats de gauche
Rassemblement place de la République, à Paris, le 11 juin 2024, le soir de l'annonce d'une union de la gauche pour les législatives de juin et juillet.
© Maxime Sirvins

Ce qui se joue au congrès du Parti socialiste n’a rien d’anodin. Deux lignes s’affrontent. L’une plaide pour l’union des gauches et des écologistes pour la présidentielle, hors LFI, l’autre pour une candidature socialiste quoi qu’il en coûte.

Même si la mobilisation lors du premier tour du scrutin n’a pas vraiment emballé les foules – quelque 20 000 votants pour 40 000 militants encartés –, le nom du futur premier secrétaire – Olivier Faure le sortant ou Nicolas Mayer-Rossignol son challenger – sera déterminant dans la capacité de la gauche de créer les conditions de sa victoire ou de son propre sabordage. 

Sur le même sujet : Congrès du PS : Faure contre Mayer-Rossignol, un duel décisif pour l’avenir de la gauche

Pour le maire de Rouen et ses petits camarades du texte d’orientation numéro 3 – comme on dit en langage solférinien –, nul besoin d’une primaire puisque les socialistes sont les meilleurs, redomineront bientôt la gauche – après leur 1,7 % en 2022 – et ils ont même un candidat pour ça en la personne de Raphaël Glucksmann, qui leur a permis de retrouver des couleurs lors des dernières élections européennes. 13,8 %, ne nous emballons pas non plus. Suffisant pour imposer leur chouchou à la gauche, croient-ils.

Il n’y a que rassemblée que la gauche peut espérer être au second tour.

Une logique identitaire qui conduirait nécessairement à la prolifération des candidatures à gauche, les insoumis ayant généreusement annoncé qu’ils mettaient leur candidat à la disposition de la gauche et des écologistes. Autant dire que, dans ces circonstances, les chances qu’un candidat de gauche passe le second tour sont quasi nulles.

Sur le même sujet : « La Meute » : le livre que la gauche préfère ignorer

L’autre option, celle que privilégie l’actuel premier secrétaire du PS, mais aussi Marine Tondelier des écologistes, François Ruffin ou encore Clémentine Autain, c’est une primaire – avec des méthodologies différentes. C’est sans doute la proposition politique la plus raisonnable du moment si la gauche veut espérer reprendre un jour le pouvoir. Il n’y a que rassemblée qu’elle peut espérer être au second tour. La gauche doit donc s’entendre sur un mode de désignation de celui ou celle qui sera le ou la mieux placé·e pour incarner la gauche, et donc la rassembler.

Pour autant, faut-il un unique candidat de la gauche et des écologistes ? Pas nécessairement. Le sondage Harris publié par Regards montrait que deux candidatures de gauche ne l’empêchaient pas d’être au second tour avec 19% pour un candidat social-démocrate et 8% pour un candidat insoumis.

Le pire qui pourrait advenir, c’est que les deux candidats, le social-démocrate et l’insoumis, fassent jeu égal autour des 10-15 % les empêchant probablement de se qualifier. Alors, l’un devra se désister pour l’autre. Sinon, les électeurs se tourneront vers le candidat qu’ils jugeront le plus à même de l’emporter pour mieux distancer le second. Vote utile…

Tout Politis dans votre boîte email avec nos newsletters !
Publié dans
Parti pris et Politique

L’actualité vous fait parfois enrager ? Nous aussi. Ce parti pris de la rédaction délaisse la neutralité journalistique pour le vitriol. Et parfois pour l’éloge et l’espoir. C’est juste plus rare.

Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Procès de Bolsonaro : au-delà d’un test démocratique pour le Brésil
Monde 2 septembre 2025

Procès de Bolsonaro : au-delà d’un test démocratique pour le Brésil

L’ancien président d’extrême droite entre en jugement ce mardi 2 septembre, accusé de tentative de coup d’État en 2023. Un enjeu crucial pour les institutions du pays, alors que Trump pourrait alourdir les sanctions qu’il a prises contre le Brésil, accusé de mener une « chasse aux sorcières ».
Par Patrick Piro
« L’extrême centre a toujours eu une pente devant lui le menant à l’extrême droite »
Entretien 2 septembre 2025

« L’extrême centre a toujours eu une pente devant lui le menant à l’extrême droite »

Le travail de l’historien de la Révolution Pierre Serna sur l’extrême centre, éclaire la façon dont le bloc central se disperse avant le départ probable de François Bayrou, le 8 septembre.
Par Hugo Boursier
Après l’annonce du vote de confiance, la Macronie en bande désorganisée
Politique 2 septembre 2025 abonné·es

Après l’annonce du vote de confiance, la Macronie en bande désorganisée

La stratégie de François Bayrou, arc-bouté sur son plan austéritaire, fragilise le bloc central. Les manœuvres du Premier ministre sont critiquées, la droite veut prendre son indépendance et les appels à une coalition par les macronistes ne sont pas entendus.
Par Lucas Sarafian
Une couverture noire pour briser le silence
Parti pris 31 août 2025

Une couverture noire pour briser le silence

Face à l’hécatombe de journalistes à Gaza et au silence qui l’entoure, des dizaines de rédactions à travers le monde – de Mediapart à Al Jazeera en passant par The Independent et Politis – s’unissent pour alerter : le droit d’informer est attaqué. En publiant une couverture noire, Politis et les partenaires de l’initiative engagée par Reporters sans frontières (RSF) et Avaaz, rappellent que protéger la presse c’est défendre la vérité et la mémoire collective.
Par Pierre Jacquemain