« Le cinéma comme acte de résistance pour construire du commun »

Alors que Cannes scintille sous les flashs du tapis rouge, la Caisse centrale des activités sociales de l’énergie (CCAS) donne à voir un autre cinéma, fait de récits de luttes, de combat, d’humanisme et d’engagement. Claude Pommery, président de la CCAS, nous raconte le festival Visions Sociales.

• 14 mai 2025
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« Le cinéma comme acte de résistance pour construire du commun »
Le film "Promis le ciel" d'Erige Sehiri est en sélection officielle à Cannes 2025 dans la section Un certain regard. La réalisatrice est la marraine du festival.
© Unifrance

Chacun son tapis rouge. Alors que Cannes scintille sous les flashs du tapis rouge, la Caisse centrale des activités sociales de l’énergie (CCAS) donne à voir un autre cinéma, fait de récits de luttes, de combat, d’humanisme et d’engagement. Cela ne s’oppose pas au cinéma de Cannes, cela le complète. Claude Pommery, président de la CCAS, nous raconte le festival Visions Sociales.


Chaque année, depuis maintenant plus de vingt ans, durant le Festival de Cannes, la CCAS a pris le parti de proposer un autre regard, un regard critique, de dialogue, de l’émancipation par la culture. Visions Sociales revient cette année du 17 au 24 mai au Château des Mineurs, à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), site emblématique du tourisme engagé, avec une exigence intacte et une conviction renouvelée.

Cette année encore, notre programmation fera résonner les voix des invisibles, des oubliés, des minorités.

En tant que président de la CCAS, je suis profondément attaché à cet événement, ce festival incarne les valeurs qui font l’ADN de la CCAS depuis sa création, que mes prédécesseurs et moi défendons depuis toujours. Il ne s’agit pas d’un simple « festival parallèle » : c’est une fenêtre ouverte sur le réel, un espace où s’entrelacent les luttes, les espoirs, les résistances. Un lieu où le cinéma donne à voir, à comprendre, à ressentir. Où chaque film devient une invitation à penser et à s’engager.

Visions Sociales, c’est aussi une promesse tenue : celle d’un accès à la culture pour toutes et tous, sans barrière, sans exclusion. Conçu principalement pour les agents et retraités des industries électriques et gazières, le festival est aussi ouvert au public, dans la limite des places disponibles. C’est un principe auquel nous tenons. Parce qu’il reflète une histoire : celle d’un projet né à la Libération, qui fait de la culture un levier d’émancipation individuelle et collective. Pas un luxe. Un droit.

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Cette année encore, notre programmation fera résonner les voix des invisibles, des oubliés, des minorités. Des réalisateurs et réalisatrices engagé·es, venu·es de France et d’ailleurs, partageront leur travail avec un public qui ne consomme pas des images, mais les interroge, les discute, les vit. Chaque projection est un moment de rencontre. Chaque débat, un acte politique. Les thématiques abordées (l’exil, l’urgence environnementale, le monde du travail, les luttes féminines et minoritaires) se croisent, se répondent et s’éclairent mutuellement.

Pour cette édition, nous aurons la chance d’accueillir une marraine exceptionnelle : Erige Sehiri, dont le film Promis le ciel est en sélection officielle à Cannes dans la section Un certain regard. Sa voix libre et engagée, son regard affûté sur les failles du monde viennent rappeler que le cinéma peut être à la fois art et résistance. Et que les artistes sont souvent les premiers à nommer ce que d’autres taisent.

Si le cinéma peut tant, c’est parce qu’il s’inscrit dans une vision plus large de la culture comme bien commun.

Mais si le cinéma peut tant, c’est parce qu’il s’inscrit dans une vision plus large de la culture comme bien commun. À l’heure où les logiques comptables redéfinissent nos priorités collectives, où les politiques publiques sabrent les budgets consacrés à la création, à la diffusion, à l’éducation artistique, je réaffirme que la culture est un droit. Un droit fondamental. Et un outil indispensable pour construire du commun.

Visions Sociales est donc bien plus qu’un événement culturel : c’est un acte militant. Face aux replis identitaires, à la montée des discours de haine, à l’accroissement des inégalités, notre réponse est celle de la pensée en mouvement, de l’intelligence partagée, de l’imaginaire collectif. Une culture qui relie, qui éclaire, qui libère. Une culture qui donne des armes pacifiques pour comprendre, résister et espérer.

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Mais notre vigilance ne doit pas faiblir. Le combat pour une culture indépendante, accessible et exigeante se joue aussi dans les coulisses : dans les arbitrages budgétaires, dans les orientations politiques, dans les choix qu’on fait ou qu’on ne fait pas. Et ce combat, nous le menons. Avec constance. Avec détermination. Avec la force tranquille de celles et ceux qui savent d’où ils viennent et pourquoi ils luttent.

La culture mérite mieux que l’austérité.

C’est pourquoi, dans les jours à venir, la CCAS publiera une tribune pour alerter sur la situation qui est faite au monde culturel et à tous ses acteurs, les coupes budgétaires qui frappent le secteur mettent en péril les hommes et les femmes qui font la culture chaque jour. Elles fragilisent ce que nous sommes. Ce que nous voulons transmettre. Ce que nous avons de plus précieux. La culture est une force. Elle mérite mieux que l’austérité.

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