VIDÉO – Budget 2026 : Les « compromis » ne suffiront pas pour les personnes handicapées
Le budget 2026, tel qu’il a été présenté pour le moment, précarisera encore davantage les personnes en situation de handicap. Chiara Kahn, militante féministe et autrice du livre Plutôt vivre (éditions Le Cavalier bleu), dénonce les prises de position validistes de la Macronie.

© Nathan McDine / Unsplash
Les vies des personnes handicapées n’ont jamais été une réelle priorité pour la Macronie. L’année 2025, qui fête pourtant l’anniversaire des 20 ans de la loi de 2005 – supposée leur garantir une égalité des droits et des chances en France –, est marquée par une augmentation des politiques d’austérité à leur égard. Et le budget 2026, tel qu’il est connu aujourd’hui, ne fait pas exception.
En juillet dernier, un rapport d’information, suite à une mission d’évaluation de la loi du 11 février 2005, a été remis à l’Assemblée nationale par M. Sébastien Peytavie, premier député en fauteuil roulant de la Ve République. Ce rapport prend en compte les analyses d’organismes compétents ainsi que les paroles des personnes directement concernées et révèle une situation alarmante : le cadre légal français est non conforme aux accords internationaux en matière de droits des personnes handicapées, et les grands piliers de la loi de 2005 – tels que l’accessibilité et le montant des aides sociales de compensation – sont « encore loin d’être pleinement effectifs ».
Aujourd’hui en France, aucun principe ne prévoit de garantir l’autodétermination aux personnes handicapées.
En résumé : aujourd’hui en France, aucun principe ne prévoit de garantir l’autodétermination aux personnes handicapées – soit « la liberté de choisir où, avec qui et comment vivre sa vie ». En ce sens, la liste de recommandations de la commission des Affaires sociales s’aligne sur les revendications des activistes antivalidistes, en demandant le rattachement du ministère en charge des personnes handicapées au premier ministre, et non plus au ministère de la Santé et des Solidarités.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a acté pour 2025 une réduction du déficit public, qui mise en particulier sur des économies dans le secteur de la santé et des affaires sociales. Parmi les principales réformes, on peut citer : une baisse des remboursements des consultations (de 70 % à 65 %), une augmentation du reste à charge de nombreux médicaments, et la restriction d’accès à l’aide médicale d’État pour les étrangers sans papiers.
Le budget 2026 tel qu’il avait été présenté par Bayrou s’inscrit dans la suite logique de ce plan d’épargne. Il propose un gel de la quasi-totalité des prestations sociales (allocation adulte handicapé, mais aussi RSA et retraites) , le développement de la médecine ambulatoire ou encore une sortie de certains patients de l’affectation longue durée, qui leur permet d’avoir accès à un remboursement intégral des soins liés à leur pathologie.
Le projet de loi de finances 2026 devrait être déposé le 7 octobre prochain par le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu. Celui qui a promis « des compromis mais pas de compromissions » lors de sa prise de poste présente pour l’instant son « projet France Santé », mais ne nous dit rien du maintien ou non de ces réformes, qui pourraient pourtant mettre à mal les vies de millions de Français.es.
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