Madagascar : une partie de l’armée rejoint la contestation

Comme nombre de pays asiatiques, africains ou latino-américains, Madagascar est secouée par une forte contestation sociale venant de sa jeunesse dite « génération Z » (née au tournant du millénaire et dans les années qui ont suivi, N.D.L.R.), qui dénonce la corruption et les incessantes coupures d’eau et d’électricité. Depuis plus de deux semaines, les jeunes de ce pays, parmi les plus pauvres du monde et dont l’âge médian est de 20 ans, enchaînent rassemblements et manifestations, notamment dans la capitale, Antananarivo.
La répression a d’abord été féroce, les forces de sécurité ayant ouvert le feu, faisant près d’une trentaine de morts. Mais, ce week-end des 11 et 12 octobre, un régiment de l’armée a refusé de continuer à tirer sur les jeunes. Et le président Andry Rajoelina a aussitôt dénoncé une tentative de putsch. Ironie du sort, celui-ci, jadis DJ et alors maire de la capitale, était arrivé au pouvoir en 2009 après des émeutes contre la corruption et la misère, chassant son prédécesseur, Marc Ravalomanana, qui avait lui-même pris le pouvoir en 2002… après des émeutes pour les mêmes raisons.
Autre point commun, ces autocrates – qui ont oublié leurs promesses à peine franchi le portail du palais présidentiel et muselé violemment toute opposition – ont tous deux été « exfiltrés » de l’île par la France. Selon RFI, Andry Rajoelina aurait été transporté ce dimanche 12 octobre dans un avion militaire français jusqu’à La Réunion – information ni confirmée ni démentie par Emmanuel Macron, qui a appelé au respect de « l’ordre constitutionnel et [à] la continuité institutionnelle à Madagascar » depuis Charm el-Cheikh – avant de se « réfugier » à… Dubaï. Dans son allocution du 13 octobre au soir, le président malagasy n’a pas annoncé sa démission, comme espéré par les contestataires.
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16 octobre : « Gaza ou l’extermination d’un peuple », conférence de Politis à Albi
