La ministre de l’écologie dénonce le beau temps comme cause de la pollution de l’air

Dis mamie, pourquoi tu tousses ? parce que j’ai lu le communiqué de Madame Jouanno mon enfant…

Claude-Marie Vadrot  • 2 juillet 2009
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Avec le sens de l’humour qui caractérise en général l’équipe durable de Jean-Louis Borloo, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno a fait parvenir à la presse un communiqué qui nous explique enfin pourquoi l’air est polluée en Ile de France, en Rhône-Alpes, en Aquitaine, en Provence-Côte-d’Azur, en Haute Normandie, en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées : ### il fait beau et chaud. Quel sens de l’observation ! Elle mentionne même, parce que c’est à la mode présidentielle, la pollution en Martinique où, à ma connaissance il fait toujours chaud.

Cette vérité assénée à ceux qui ne l’auraient pas remarquée, la ministre ajoute qu’il y a depuis deux jours sur « une bonne partie de la France une persistance du dépassement du seuil d’information ». Avec ce commentaire sur l’ozone : « il pénètre profondément dans les poumons et peut réagir sur les composants cellulaires et affecter les capacités respiratoires ». Information que répètent inlassablement depuis des années à chaque fois qu’il fait beau, qu’il fait chaud ou bien les deux. Comme si le reste de l’année, l’air était vraiment respirable autour des zones industrielles et des grandes villes, comme si les « pics de pollution » n’étaient pas de plus en plus fréquents.

La porte étant déjà entrouverte, la ministre l’enfonce allègrement en nous informant que « les recommandations face à cette pollution sont donc nature sanitaire (quel sens de l’à-propos !) pour les personnes sensibles et d’appel au civisme pour réduire les émission des polluants. Il est en particulier vivement recommandé de limiter l’usage des véhicules automobiles et de réduire la vitesse de circulation, d’utiliser les transports collectifs, de privilégier la marche et le vélo, de limiter les travaux nécessitant l’emploi de solvants organiques volatils ou de matières à base de solvants ». Des noms, des noms !

Ce communiqué est un copier-coller des nombreux textes régulièrement publiés depuis des années par le ministère de l’écologie qui bégaye ses bonnes intentions sans prendre la moindre mesure contraignante. Bien évidemment, il ne mentionne pas les autres polluants qui accompagnent l’ozone, il omet de préciser que le dépassement des « vitesses recommandées » n’est en aucun cas sanctionné, sur les routes, les autoroutes comme sur les périphériques, parisien ou autres, que les industriels ne font l’objet d’aucune restriction de fonctionnement et d’émission. Pas question de rappeler, faut pas affoler les foules, que lors de la canicules de l’été 2003 au moins 6000 des 15 000 décès « prématurés » enregistrés sont imputables à l’augmentation de la pollution de l’air.

Et recommander l’usage des transports collectifs au moment où ils augmentent un peu partout, c’est faire preuve d’un humour cette fois involontaire. Mais notre société de pollution est largement en progrès puisque tous les chiffres de cette pollution sont désormais disponibles sur le site www.prevair.org. Pollués les Français, mais prévenus, informés, c’est l’essentiel ! Vive la transparence qui, désormais, nous permet de savoir pourquoi nous toussons quand il fait trop chaud.

Dans ce communiqué ne manque même pas la référence au Grenelle de l’environnement et aux « transports propres » et aux « véhicules moins polluants » qui nous sont promis pour demain. C’est à dire quand les poules auront des dents, les hippopotames auront des ailes, quand on ne fermera plus les voies ferrés en obligeant des millions de gens à prendre leurs voitures, quand les salariés ne seront plus contraints à accepter des boulots à des dizaines de kilomètres de leurs domiciles et quand les industriels se soucieront plus de la santé publique que de leurs bénéfices…

Quand on vous disait que la ministre a le sens de l’humour. Noir.

    Au fait, quelle est la marque de son vélo, à la secrétaire d'Etat ?

PS et en plus ces gâcheurs de communiqué d'Airparif viennent de nous expliquer que le métro est encore plus pollué que la rue. Mais que les automobilistes sachent que c'est encore l'habitacle de leurs caisses qui est le plus chargé de miasmes polluants.
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