Le premier briseur de grève est « socialiste »

Michel Soudais  • 12 octobre 2010
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Le premier briseur de grève est « socialiste »

Patrick Menucci.


Mardi, les activités sur le Grand port maritime de Marseille étaient totalement paralysées et le trafic passagers fortement perturbée par la grève nationale contre la réforme sur les retraites. C’est ce moment singulier qu’a choisi Patrick Menucci, maire du 1er secteur de Marseille et président du groupe Faire gagner Marseille (le groupe PS au conseil municipal), pour publier au milieu de l’après-midi un communiqué demandant aux grévistes du port de reprendre le travail.

Alors que leur grève, contribue à mettre la pression sur le gouvernement , avec aujourd’hui 85 navires en attente de traitement en rade de Marseille et de Fos-sur-Mer, dont 56 directement bloqués par la grève sur les terminaux pétroliers de Fos-Lavera, qui en était à son 16e jour, l’édile les accuse de «se cacher derrière [la] revendication très populaire» de la retraite à 60 ans «pour défendre des intérêts très catégoriels» . Et de menacer bien sûr «des dizaines d’entreprises marseillaises» . Une accusation qui n’est pas sans rappeler celle d’un mystérieux collectif patronal qui a publié lundi dans Les Echos une fausse publicité présentant les grutiers de Marseille comme des super-privilégiés.
Mais le mieux est encore de vous laisser découvrir le communiqué de ce «socialiste» tendance Jules Moch dans son intégralité.

*«La Grève de quelques dizaines de salariés du grand Port de Marseille,
pose désormais un grave problème à la Ville et son Agglomération, il
n’est pas dans nos habitudes de nous prononcer sur une action
collective des salariés.

»Encore ce matin, les élus socialistes de Marseille ont soutenu le
mouvement de grève anti-réforme des retraites, comme nous avons
soutenu la grève des caissières de Monoprix. Notre réaction
d’aujourd’hui est dictée par l’intérêt de milliers d’emplois et de
dizaines Entreprises Marseillaises. La grève du Grand Port de
Marseille n’a rien à voir avec la bataille pour la retraite à 60 ans
et il n’est pas admissible de se cacher derrière cette revendication
très populaire pour défendre les intérêts très catégoriels. Nous
appelons les grévistes du Grand Port de Marseille à mesurer les dégâts
causés a notre économie déjà en difficulté et nous leur demandons de
cesser ce mouvement.»*

Cette prise de position, en plein mouvement social, n’est pas à prendre à la légère. Ce n’est pas une pagnolade de plus de la part d’un élu qui en est coutumier. C’est plus qu’une désertion.
Pour avoir tiré dans le dos des grévistes, sitôt la manifestation marseillaise terminée, Patrick Menucci aura sans doute les honneurs du Figaro qui s’est empressé de relayer son communiqué sur son site. Mais il attente gravement à l’union syndicale et politique de la gauche, sans laquelle il est vain d’espérer faire plier le gouvernement.


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