Le Crédit agricole dément

Sur la base d’articles de la presse portugaise et de la radio France Inter, nous nous sommes fait l’écho, hier (8/08), d’informations sur des ventes d’actions de la Banque Esperito Santo (BES) par Xavier Musca. La banque verte se confond en démentis s’agissant de l’implication personnelle de son directeur général délégué. Dont acte s’agissant de sa personne, voire excuses si notre bonne foi a été surprise ! Il n’en demeure pas moins que l’essentiel des questions que nous posions demeure.

Jean-Philippe Milesy  • 19 août 2014
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L’implication du Crédit agricole (CA) dans la BES devrait engendrer des pertes cruelles pour la banque française. On parle toujours de centaines de millions d’euros, information non contestée celle-là. Et ces pertes interviennent après la déroute grecque de la banque Emporiki.
Il n’est pas de la vocation d’une banque coopérative de se lancer dans la finance de casino, a fortiori pour y subir des « culottes » au détriment des intérêts de ses sociétaires.

L’explication du CA, comme quoi ces ventes d’actions, intervenues opportunément à la veille de l’annonce publique de l’état de déconfiture de BES, étaient destinées à participer à une augmentation de cette même banque, alors qu’elle ne devait être sauvée que par une intervention massive du gouvernement portugais, devrait être éclaircie.
Du moins cette part, infime, des engagements du CA au sein de BES aura-t-elle été réalisée avec une décote réduite si on considère la valeur actuelle des actions de l’établissement lusitanien.

Quant à la remarque générale sur l’intrication de plus en plus pratiquée entre hauts fonctionnaires des finances, ayant notamment exercé de hautes fonctions politiques, et dirigeants des grandes banques, dans des allers-retours constants, nous la maintenons entièrement tant elle est problématique.
Monsieur Musca, même s’il ne doit pas être impliqué dans cette affaire, en est un exemple. Mais il n’est pas le seul. Nous avons hier évoqué le cas de François Perol, président de BPCE, autre banque coopérative. Mais, en ce qui peut apparaître comme un « autre » côté, on pourrait citer les cas Emmanuel Macron (Rothschild) ou Laurence Boone (Merryl Lynch) qui sont les pendants « Hollande » des deux précités, après bien d’autres.
Au niveau européen, on n’est pas en reste avec Mario Draghi, président de la BCE après avoir dirigé Goldmann Sachs pour l’Europe. C’est-à-dire ayant couvert les tricheries de la banque new-yorkaise en Grèce et ailleurs. Mais, là encore, il n’est pas seul : Mario Monti, et d’autres en Grèce, en Espagne où un ancien dirigeant de la banque faillite Lehman Brothers a été appelé au poste de ministre des Finances du gouvernement Rajoy !
Comment s’étonner alors de la faiblesse des politiques publiques à l’égard de la finance et des établissements bancaires ? Fussent-ils les acteurs déterminants de la « crise » aujourd’hui comme en 2008.

Il nous paraît du devoir des banques se réclamant de l’économie sociale et solidaire de se distinguer de ces situations intenables politiquement et ethiquement. Nous serons les premiers, le cas échéant, à nous en faire l’écho, voire la promotion.

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