UKRAINE: accord de Minsk, M comme Munich, une trève meurtrière gagnée par Poutine

Claude-Marie Vadrot  • 14 février 2015
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Tandis que Hollande et Merkel passaient une nuit blanche pour tenter de calmer l’énervement de Poutine –largement relayé par la télévision russe- et de le convaincre de s’entendre avec le président ukrainien, tandis que les médias russes continuaient de traiter de « néo-fascistes, voire de néo-nazis, la population et le gouvernement de l’Ukraine, l’armée russe continuait à approvisionner les séparatistes en matériel. Peu de soldats cette fois, simplement des techniciens, l’essentiel des forces armées du Kremlin restant massé à quelques kilomètres d la frontière.

Pendant les négociations, puis une fois le cessez-le-feu fixé à samedi soir, une soixantaine de civils et de militaires sont morts dans les affrontements qui redoublaient de violence. Les séparatistes, opposés à tout accord, s’efforçant de gagner du terrain pour le cas ou une ligne de démarcation leur serait imposée. Le jeu de Poutine et du Kremlin étant de gagner du temps, même au prix de nouveaux morts de part et d’autre. A commencer, notamment, par les civils périssant dans la petite ville de Debaltseve. Une cité écrasée sous les obus et surtout sous les missiles fournis par les Russes depuis quelques jours, « punie » parce que toujours tenue par les forces ukrainiennes.

De quoi réduire à néant le résultat pourtant discutable des négociations menées par la France et l’Allemagne au nom des Européens. Négociateurs, leurs experts et les chef d’Etat revenus à Bruxelles sans vraiment cacher qu’ils s’étaient une fois de plus fait rouler par un Vladimir Poutine qui sait que les Occidentaux ne cèderont pas – heureusement sans doute- à la forte envie américaine d’armer les militaires ukrainiens. Des Américains tentant une fois de plus dans l’Histoire de pousser des nations européennes à se battre sans faire prendre le moindre risque à leurs populations et leurs militaires.

Se souvenant probablement de leur lâche soulagement lorsque les Anglais et les Français de retour de Munich le 30 septembre 1938 après avoir « accepté » l’annexion de l’Autriche et de laisser Hitler « disposer » librement de la Tchécoslovaquie, les négociateurs ont préféré exprimer leurs doutes. Comment oublier que les « accords de Munich » sont devenus dans le langage populaire et diplomatique de la lâcheté face à la volonté d’expansion d’un dictateur.

Pourtant, les services de renseignements occidentaux avaient informé leurs gouvernements de deux réalités. D’abord que les infiltrations russes se poursuivaient et ensuite que les populations de l’enclave séparatistes sont plongées depuis plusieurs semaines dans une crise humanitaire, sanitaire et sociale de plus en plus grave. Faute de médicaments, de nourriture et de services publics. Les deux correspondants dans la région de Politis nous racontant l’ampleur de ce désastre dans un territoire qui n’est plus administré ni gouverné.
Et livré à des pillages de toutes sortes, les responsables des enclaves séparatistes épaulés par les commandos et les spécialistes militaires venus de Russie, n’ayant plus comme préoccupation que de prolonger les combats pour gagner des kilomètres. A la grande satisfaction des médias russes, sous étroit contrôle du Kremlin, qui commentent et montrent chaque jour les avancées des rebelles sans jamais faire allusion aux souffrances de la population. Ou de ce qu’il en reste…

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