Face à l’Eurogroupe, le gouvernement Tsipras fait fausse route

Brève de Yéti

Le Yéti  • 10 mars 2015
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Face à l’Eurogroupe, le gouvernement Tsipras fait fausse route
Photo : AFP/John Thys

Illustration - Face à l'Eurogroupe, le gouvernement Tsipras fait fausse route

On savait la partie avec l’Eurogroupe pas trop bien engagée pour le nouveau gouvernement grec. On espérait une volonté suffisante pour interrompre radicalement la spirale de la déliquescence sociale du pays. On les défendait bec et ongles malgré l’accumulation de signes inquiétants. Mais force est de constater qu’Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis s’enfoncent aujourd’hui dans un bien mauvais chemin.

Trois faits confortent hélas ce constat :

-* le gouvernement Tsipras a finalement cédé aux injonctions de la Troïka en remboursant une première tranche de 300 millions d’euros au FMI sans recevoir la moindre aide de la BCE en contrepartie, et en puisant semble-t-il une partie de la somme dans les fonds publics destinés à la Sécurité sociale grecque ;

-* Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, a annoncé que la Troïka fera son retour à Athènes très prochainement sans que le ministre Varoufakis (« la Troïka, c’est terminé ! ») ne paraisse plus trop s’en émouvoir ;

-* enfin, dans une interview à Paris-Match, le même Varoufakis s’est précipitamment empressé de démentir son intention d’organiser un référendum ou des élections anticipées et de jurer que son gouvernement n’envisagera jamais une sortie de l’euro .

Point de salut sans sortie de l’euro

C’est sur ce dernier point, celui de la sortie de l’euro, que le bât blesse particulièrement. Car répétons-le, un « Grexit » est inéluctable, sinon même souhaitable et impératif. Rester dans l’euro, c’est abandonner la gestion budgétaire de son projet politique à la BCE et à la puissance dominante du moment. Le vieux combattant de Syriza, Manolis Glezos, ne s’y trompe pas :

« Ce que l’Allemagne n’est pas arrivée à faire à l’époque par les armes, c’est-à-dire, créer une Europe allemande, elle l’a réussi par l’euro. Syriza a promis la souveraineté populaire qui, pour la Constitution actuellement en vigueur, est le fondement du régime politique. Le peuple attend, avant toute chose, du gouvernement qu’il a élu, d’appliquer la Constitution . »

Sauf à se reprendre d’urgence, à comprendre enfin qu’il n’a rien à attendre de confrères européens qui n’ont de cesse de l’humilier et de le réduire pour empêcher toute contamination de ses idées « subversives » de départ à leurs propres pays, le gouvernement Tsipras hypothéquera toute chance de mettre son programme en application et contribuera rapidement à enterrer l’espoir qu’il avait fait naître au soir du 25 janvier.

Ni fatalisme, ni condamnation dans cette conclusion (la partie est si difficile), mais juste une alerte et un encouragement à tenir bon sans s’égarer.

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