Procès Pérol : le symptôme d’une nouvelle corruption

Le procés de François Pérol devant le Tribunal correctionnel de Paris se poursuit. Le président du Groupe BPCE (Banques populaires/Caisses d’Epargne) est poursuivi pour « prise illégale d’intérêt » étant soupçonné d’avoir organisé la fusion des deux banques avant de se voir porté à la présidence du nouvel ensemble. http://www.mediapart.fr/journal/france/250615/proces-bpce-portrait-dun-haut-fonctionnaire-en-sarkozie
_ Les faits sont têtus et vont à l’encontre des dénégations, des « oublis » du prévenu, mais ce procès est avant tout un symptôme du nouvel état de corruption qui domine la société occidentale.

Jean-Philippe Milesy  • 25 juin 2015
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Bien sûr il ne s’agit pas de la corruption telle que nos pays la pratique à l’égard des Etats clients et de leurs responsables ou encore vis-à-vis d’un système d’intermédiaires qui se retrouvent dans les affaires de rétro-commissions diverses.

Il s’agit d’une corruption plus profonde dont nous avons les preuves chaque jour devant nous sans que le mot soit jamais prononcé, sans même que nous en réalisions l’ampleur.
_ Cette corruption fait le quotidien de nos sociétés et de notre vie politique. cElle repose sur la fusion de plus en plus claire entre le monde de la finance et le monde politique.
_ Et dans cette fusion la soumission des politiques aux grandes forces d’argent est patente.
_ L’acmé pourrait en être l’aboutissement des propositions d’arbitrage du TAFTA où les représentants des grandes sociétés multinationales seraient en mesure d’imposer leurs intérêts aux Etats.

Nous voudrions citer ici une extrait de l’intervention de Gustave Massiah au Forum européen des Alternatives dont il a été déjà été question sur ce blog(voir notre article) :

Dans tous les mouvements, une revendication s’affirme : le rejet de la corruption. Le pouvoir économique et le pouvoir politique, à travers leur complicité, ont été désignés comme les responsables de la crise. Ce qui a été démasqué c’est la dictature du pouvoir financier et la « démocratie de basse intensité » qui en résulte. La défiance par rapport aux partis et aux formes traditionnelles du politique avait été déjà marquée avec les indignés espagnols (« vous ne nous représentez pas »), les occupy (« vous êtes 1%, nous sommes 99% »). Cette défiance s’exprime par la condamnation systématique de la corruption systémique. La fusion entre le politique et le financier corrompt structurellement la classe politique dans son ensemble. Le rejet de la corruption va au-delà de la corruption financière ; il s’agit de la corruption politique. Elle est visible dans les politiques imposées et dans le mélange des intérêts. Comment faire confiance quand ce sont les mêmes, avec parfois un autre visage, qui appliquent les mêmes politiques, celles du capitalisme financier. La subordination du politique au financier annule le politique. Elle remet en cause l’autonomie de la classe politique et la confiance qui peut lui être accordée

Au delà de faits qui peuvent paraître scandaleux pour les uns, s’agissant notamment de Banques se réclamant de l’ESS, secondaires pour les blasés, c’est bien de cela qu’il est question dans le procès Pérol.

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