Trois paires de claques : la Grèce en route vers la sécession

Brève de Yéti

Le Yéti  • 16 juin 2015
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Trois paires de claques : la Grèce en route vers la sécession
Photo : AFP

Illustration - Trois paires de claques : la Grèce en route vers la sécession

Plus personne ne doute que le conflit ouvert entre la Grèce et la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI) arrive à son point de non-retour. Trois signes forts en guise de paires de claques pas volées pour un sou montrent que la Grèce se prépare désormais à l’éventualité d’une sécession pure et simple :

-* Selon le webmedia grec Kontranews (traduction Angélique Karagianis), Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine et les autres dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) le jeudi 18 juin à Saint-Petersbourg . Objectif : intégrer la Grèce comme sixième membre de ce groupement de pays émergents, finaliser le projet de gazoduc russe Greek/Turkish Stream, étudier les possibilités d’aide financière pour suppléer la défaillance de plus en plus probable de l’Eurogroupe qui, ô ironie, se réunira le même jour au Luxembourg.

-* Les travaux d’audit de la « Commission pour la vérité sur la dette grecque » avancent à grand pas et ce qu’on est en train d’y découvrir pourrait faire très très mal , comme le note Coralie Delaume sur son blog « L’Arène nue ». Philippe Legrain, ex-conseiller économique de José Manuel Barroso, vient de confirmer devant les membres de la commission présidée par Éric Toussaint ce qu’on soupçonnait déjà : le « sauvetage » de la Grèce ne visait à rien d’autres qu’à tirer les grandes banques privées françaises et allemandes du guêpier dans lequel elles s’étaient engagées. Philippe Legrain :

« En 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. »

-* Enfin, troisième signe fort et non des moindres, Alexis Tsipras vient de clairement hausser le ton face à ses interlocuteurs financiaro-rigides, avec une déclaration qui vaut avis de non-recevoir, sinon de lettre de rupture :

« Si certains perçoivent comme une faiblesse notre volonté sincère pour trouver une solution et les pas que nous avons fait pour couvrir les différends, qu’ils méditent ceci :

Nous ne sommes pas seulement chargés d’une longue histoire de luttes. Nous portons aussi sur nos épaules la dignité d’un peuple et l’espoir des peuples d’Europe.
La charge est trop lourde pour être ignorée.
Il ne s’agit pas d’une obsession idéologique. C’est une question de démocratie.
Nous n’avons pas le droit d’enterrer la démocratie européenne sur le lieu de sa naissance ».

En face, eh bien en face, les signes de décomposition et de débandade commencent à sentir sérieusement mauvais : mise sur la touche du FMI, dissensions entre créanciers, différence d’appréciation très nette entre Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schaüble… Philippe Legrain, ancien membre « repenti » de ce sérail européen à relents crapuleux, a beau jeu de conclure :

« Le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers. »

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