Ukraine: FN, « Républicains » et extrême gauche: un aveuglement et des convergences surprenantes

Claude-Marie Vadrot  • 8 juin 2015
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Le Front national et sa présidente qui était (encore) à Moscou il y a quelques jours, une partie des « Républicains » sarkoziens qui ressemblent comme un jumeau aux précédents ainsi qu’une partie de l’extrême-gauche fantasmant sur la CIA, l’Otan et les Etats-Unis (liste non limitative…) vont devoir se contorsionner frénétiquement pour absoudre ensemble la nouvelle offensive meurtrière des rebelles de l’Est ukrainien appuyés par les troupes russes. Leurs militaires et le matériel, blindés, artillerie et missiles sol-sol, entrent tranquillement depuis l’accord, deuxième du nom, de Minsk. En profitant des 380 kilomètres de frontière entre la Russie et l’Ukraine depuis des mois contrôlés par l’armée de Poutine. Au point que les Russes y assurent tranquillement la garde des postes frontière qu’ils ont installés. Que ceux qui auraient encore un doute prennent connaissance des rapports de l’OSCE et aux reportages des confrères que confirment les correspondants de Politis .

La guerre qui n’a jamais cessé se poursuit donc tandis que les pays où la démocratie est quand même moins formelle qu’en Russie, avouent ne plus savoir quoi faire d’autres que d’appliquer des « sanctions » qui ont surtout pour conséquences de frapper la population russe. Laquelle voit les prix augmenter, l’inflation se poursuivre et les libertés individuelles, associatives et politiques se restreindre. Tandis que la Tchétchénie et d’autres républiques de la Fédération de Russie, vivent sous le régime de quelques dictateurs régionaux qui contrôlent la presse avec l’appui du FSB héritier du KGB. Un contrôle et des censures permanentes qui marquent la vie quotidienne et les émissions de télévision et les journaux. Que Marine Le Pen et ses responsables, financés par une de ses banques, soutiennent un dictateur n’est guère surprenant puisque leur rêve est la mise en place d’un pouvoir « fort » (doux euphémisme) qui mettrait un terme à toutes les déviances sociétales et politiques. C’est à peine plus étonnant de la part des militants et responsables de l’UMP rebaptisés « Républicains » puisque leur volonté est de ressembler de plus en plus au Front National au point de reprendre leurs éructations sur l’immigration et d’être aussi racistes que le pouvoir russe pourchassant ses populations non slaves qu’ils expulsent de Moscou et des grandes villes et nomment les « culs noirs ».

Par contre, il est difficile de comprendre le soutient direct ou indirect apporté au régime de Vladimir Poutine par une partie de l’extrême-gauche alors qu’il est difficile depuis une dizaine d’années (au moins) de prétendre que le gouvernement russe est à la fois démocratique et légitime. Sa seule légitimité relevant de la répression et de la censure qui maintient la population dans une désinformation totale grâce à la mainmise sur les médias. Face à une opposition disparate qui n’a aucun programme social et politique cohérent.

Faire cause commune avec le pouvoir poutinien sur le thème d’une Ukraine fasciste ou nazie ne relève que du fantasme. Que l’on puisse contester les responsables ukrainien ne devrait pas faire oublier que les habitants de l’Ukraine ont librement choisi leur président et leurs parlementaires, ce qui n’est pas le cas des Russes.

Résultat de cette convergence objective de responsables politiques français que tout doit (devrait) séparer : des milliers de morts de part et d’autre, des destructions, une situation économique encore plus désastreuse qu’en Russie. Tous ceux (pas le FN, dont c’est la dérive normale) qui soutiennent l’invasion russe, des bandes de Cosaques, le racket des pseudo-rebelles et l’interdiction de s’exprimer, devraient se renseigner sur la situation qui règne dans les territoires occupés et en Crimée. Une région annexée où les Tatars sont brimés, poursuivis, emprisonnés et privés de leur presse libre, notamment leur chaine de télévision.

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