Un Salon ESS, bien sûr. Des fiançailles ? C’est peut-être un peu tôt !

Les 24 et 24 octobre se tiendra à l’initiative du CNCRES et du Conseil général Poitou-Charente le 2ème salon national de l’Economie sociale et solidaire.
Comme l’an passé la manifestation constituera le prologue du Mois de l’Economie sociale et solidaire qui constitue la principale vitrine de l’ESS dans l’année, mais aussi un lieu de débats nombreux.
http://salon-­ess.fr/programme/programme‐complet
_ C’est sur un débat du Salon que nous reviendrons ici.

Jean-Philippe Milesy  • 14 octobre 2015
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Le titre de ce débat est « Economie collaborative et Economie sociale et solidaire, à quand les fiançailles ? »

Pour ne pas être accusés de mauvaise interprétation nous reproduisons ici les définitions sur lesquelles ces fiançailles pourraient être conclues
*
_ Qu’est
ce
que
l’économie
sociale
et
solidaire
?
Ce
mode
de
conception
de
l’économie
porté
par
des
entreprises,
des
associations
ou
encore
par
la
Région
Poitou-­‐Charentes
favorise
un
développement
économique
fondé
sur
les
capacités
à
créer
des
activités
productives
dans
les
secteurs
commerciaux,
artisanaux
de
services
et
industriels
dans
le
respect
des
valeurs
de
solidarité,
de
démocratie
et
d’innovation.
Très
diversifié,
ce
secteur
regroupe
des
associations,
des
coopératives,
des
mutuelles,
des
fondations…
représentant
10%
du
PIB
français
et
près
de
222
000
établissements
employeurs.
_ Qu’est
ce
que
l’économie
collaborative
?
L’économie
collaborative
est
un
secteur
encore
récent
mais
son
décollage
fulgurant
et
le
clonage
dans
des
champs
variés
de
l’économie
en
font
un
modèle
à
fort
potentiel.
Désormais
l’usage
prédomine
sur
la
propriété
et
prend
tout
son
sens
à
l’heure
du
web
social.
Reflet
d’une
base
militante
qui
cherche
à
concrétiser
ses
valeurs
à
travers
un
renouvellement
de
la
production
et
de
la
consommation,
et
plus
généralement
une
transition
de
la
place
du
citoyen
dans
la
société,
l’économie
collaborative
c’est
:
la
production
en
pair
à
pair,
la
participation
citoyenne,
le
libre
accès,
la
relocalisation
et
les
circuits
courts,
le
tourisme
solidaire,
la
gouvernance
partagée
aux
seins
des
organisations,
la
dématérialisation
et
la
désintermédiation,
la
mutualisation.*

Notons de petites choses quant à la définition donnée de l’ESS.
_ La question de la propriété collective et égalitaire qui est au coeur de l’ESS n’est pas évoquée, la non-lucrativité non plus, la démocratie n’y est guère valorisée.
_ Une curieuse distinction est faite entre entreprises et associations et la région s’invite à la définition.

Dans la définition donnée de l’économie collaborative, une part belle est donnée à la « modernité ». Mais surtout il y est décrété que « l’usage y prédomine sur la propriété » et que la « gouvernance » y est « partagée ».
_ Quant à la modernité, l’encre est à peine sèche des plus récents décrets de la Loi du 31 juillet 2014 que l’on se jette à corps perdu dans un phénomène « fulgurant » dont aucune évaluation n’est envisageable avant un certain temps.
_ Quant à la propriété, la question nous paraît un peu vite évacuée. Les groupes financiers qui possèdent UBER ou Airbnb ou les fonds de pensions spéculatifs qui investissent dans tels ou tels services présentés au départ comme associatifs, n’ont sans doute pas la conception « irénique » que donne la présentation du débat.
_ Quant à la gouvernance partagée, la récente grève des « auto-enterpreneurs » d’UBER montre qu’elle est des plus problématique.
_ Il y a des années de cela, maraudaient dans Rome des pseudo-taxis, travailleurs pauvres en quête de complément de salaire et en concurrence déloyale et dérèglementée avec les coopératives romaines de taxis.
_ Et l’on se gaussait de l’arriération de ce pays du Sud !
_ La « désintermédiation », la « déprofessionnalisation » et même les « circuits-courts » ne sont pas en eux mêmes vertueux.
_ Le consommateur qui scane lui-même ses produits de super-marché, mêmes celui-ci se prétend coopératif, devient-il un acteur collaboratif ? Et tous ces « self » ou « libres » services proposés changent-ils le monde ou constatent-ils la disparition de l’humain et de l’emploi regardés comme des coûts et des charges ?

_ Oui il y a dans l’économie collaborative des idées neuves, intéressantes, mais comme le soulignait dans « La Croix » Hugues Sibille, il serait important de ne pas se prêter à la confusion.
_ Les entreprises de l’ESS ont certainement à se saisir de ce que montrent les expériences collaboratives pour faire évoluer leurs propositions, pas pour se dissoudre dans une course à la mode.
_ Il est intéressant que des acteurs de l’Economie sociale comme le Groupe UP ou la MAIF s’emparent du sujet.
_ Mais avant de parler « fiançailles », il faudrait peut-être considérer les qualités profondes de la fiancée et la moralité de la famille.
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