Inondations: la lourde responsabilité des maires bétonneurs de rivières

A force de canaliser les petits cours d’eau et de multiplier les espaces bétonnés, les élus locaux sont les principaux responsables des inondations catastrophiques

Claude-Marie Vadrot  • 2 juin 2016
Partager :
Inondations: la lourde responsabilité des maires bétonneurs de rivières

En dépit des postures des responsables politiques, ce n’est pas la Seine et encore moins la Loire qui provoquent les inondations catastrophiques du Centre, du Loiret et de l’Ile de France. Une montée soudaine des eaux qui fait les délices de chaines d’infos en continu et des « éditions spéciales », ce qui permet d’occulter les développements de la crise sociale. Qu’il s’agisse du Loing, du Beuvron, de la Sauldre, de l’Indre, du Cher, de l’Yvette, du Grand Morin, de l’Orge, de la Bézonde, de l’Aveyron, de l’Essonne, de la Not’heure, du Cosson et de nombreux petits rus aux noms inconnus ou oubliés, ce sont les petites et grandes rivières, souvent invisibles, qui se gonflent et envahissent brusquement villes et villages. Pas les grands fleuves dont le niveau ne monte que lentement et sont victimes des eaux de leurs petits affluents. La Loire et la Seine ne présentent pour l’instant des dangers que pour les supermarchés et autres Monsieur Meuble dont la construction dans des zones inondables n’a jamais posé le moindre problème aux maires soucieux de complaire à la grande distribution et ses promesses…

Si l’eau a aussi brusquement envahi des zones urbaines ou rurales, c’est tout simplement parce que depuis une bonne vingtaine d’années, trop d’élus locaux, aidés ou poussés par les technocrates de l’aménagement, s’acharnent à canaliser les petites rivières. A les « contenir », ce qui ne fait qu’amplifier le désastre au moment où elles explosent dans le paysage. Surtout quand ils ont fait édifier des digues inéluctablement vouées à céder.

Ces fanatiques de la ligne droite et des cours d’eau canalisés et devenus faussement sages ont en outre profondément modifié les espaces ruraux et les abords des agglomérations. Alors ces zones proches des cours d’eau, ne sont plus en mesure d’amortir les conséquences d’une météo exceptionnelle et les eaux de pluie dévalent et envahissent les zones bitumées. D’autant plus, que dans l’environnement de ces petites rivières, les mêmes fanatiques de l’aménagement ont supprimé les vases d’expansion de ces cours d’eau, recouvrant les espaces naturels agricoles ou en herbe de parkings, de grandes surfaces et de ronds-points imperméables. Les eaux prisonnières des lits plus ou moins artificiels finissent par balayer les obstacles.

Tous ces élus qui viennent pleurer sur leur budget sont les mêmes qui ont consacré des fortunes à bétonner et à multiplier les ronds-points plutôt que d’entretenir les espaces ruraux. Tous ignorants de la topographie et de la géographie de leurs communes. Comme ces ingénieurs constructeurs (Vinci) de l’autoroute A 10 qui, prés de Gidy, au nord d’Orléans, ont effacé et asséché un étang, pour faire passer leur voie. C’est justement à cet endroit que cette autoroute a été coupée par une inondation « surgie de nulle part » comme l’a expliqué un de ces responsables. Rappel qu’un paysage a plus de mémoire qu’un ingénieur…

Curieusement, si discrets sur ce sujet à l’ordinaire, les élus et les politiques évoquent le « réchauffement climatique » pour expliquer ce qui se passe. Une hypothèse que le climatologue Jean Jouzel s’est bien gardé de confirmer dans son interview sur FR 3 jeudi soir expliquant notamment qu’il fallait surtout cesser de construire en zones inondables…

Publié dans
Les blogs et Les blogs invités
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don