La folie Pokémon GO a commencé

En quelques jours, Pokémon GO, le nouveau jeu sur smartphone lancé en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, est devenu un véritable phénomène social et a fait monter en flèche l’action Nintendo. Mais il pose également quelques questions en terme de sécurité des personnes et des données.

Christine Tréguier  • 14 juillet 2016
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La folie Pokémon GO a commencé

Développé par Nintendo, Niantic Labs (une start-up éditrice de jeux créée par Google) et Pokémon Company, le nouveau jeu qui fait fureur utilise la technologie de la réalité augmentée pour faire apparaître les fameux petits personnages de Nintendo dans l’environnement réel. Chaque joueur se transforme en dresseur de Pokémons dont la première mission est d’arpenter la ville pour dénicher les créatures. Il peut alors les capturer en leur lançant via l’écran tactile une « pokeball » qui se transforme en épuisette magique. Plus il attrape de Pokémons, plus il gagne de niveaux. À partir du niveau 5, le jeu devient collectif. Une fonction activable appelée « leurre » permet d’attirer d’autres joueurs en leur faisant croire à la présence de Pokémons dans une zone donnée. L’idée est que les joueurs se rencontrent pour discuter et partent ensemble à la chasse aux Pikachu, Bulbizarre et Goinfrex, Chenipotte et autres Tritosor. Il y a également des « Pokestops », des zones où on peut récupérer des accessoires comme les « pokeballs » et des « arènes » où s’organisent des combats. « Le jeu lui-même a été conçu pour faciliter les choses de la vraie vie » a expliqué son directeur adjoint John Hanke. Il incite à sortir de chez soi, à s’intéresser à divers lieux, à explorer son quartier ou sa ville. Et, ajoute Hanke, « Pokémon GO permet de briser la glace et donne aux gens des raisons de passer du temps ensemble ».

Les médias relatent de nombreuses scènes où les participants se déplacent d’étrange façon, téléphone à bout de bras et l’oeil rivé sur l’écran. Les Pokémons pouvant surgir n’importe où, on a pu assister à de soudains rassemblements dans un Musée, un parc ou une église, mais aussi observer des comportements risqués, les joueurs ayant tendance à perdre le sens du réel et à oublier les dangers environnants.

Le jeu n’a été officiellement lancé que dans trois pays, mais quiconque dispose d’un accès à un gamestore américain peut le télécharger et l’installer sur son téléphone. En une semaine, le succès a dépassé toutes les prévisions. L’étude réalisée par SimilarWeb indique que l’application a été installée sur 5,16% des smartphones Android aux États-Unis. En trois jours le nombre d’utilisateurs actifs a quasiment dépassé l’audience de Twitter et le temps d’utilisation moyen serait de 43 minutes par jour ( contre 25 minutes pour Instagram ou 13 minutes pour Facebook Messenger). En une semaine, l’action Nintendo a bondi de presque 25%, faisant grimper sa capitalisation de 7,5 milliards de dollars, du jamais vu depuis 1983.

Mais deux jours après le lancement, un informaticien spécialiste de la sécurité Adam Reeve a mis les pieds dans le plat en annonçant que Pokémon GO représentait « un énorme risque pour la sécurité ». Pour jouer, il est nécessaire d’ouvrir un compte ou d’utiliser un compte Google existant. En ce cas, explique Reeve, l’application, et donc Niantic Labs, a un accès complet au compte et peut entre autre « lire vos mails, envoyer des mails en votre nom, accéder à tous les documents stockés sur votre Google Drive, voir vos historiques de recherche et de navigation, accéder à vos photos ». Niantic Labs a depuis corrigé cette « erreur » et rassuré les joueurs en leur jurant que leurs données n’avaient pas été consultées.

L’article d’Adam Reeve

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