Réunion « violence »

Lana*, professeur d’anglais de 25 ans, relate sa première rentrée en tant que titulaire dans un collège de REP + en Seine-Saint-Denis.

Lana  • 31 août 2016
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Réunion « violence »
Photo : JEFF PACHOUD / AFP

Mardi 30 août

Deux jours avant la rentrée, tous les nouveaux titulaires de l’Académie de Créteil intégrant un établissement « Rep » (1), « Rep + » (2) ou « violence » étaient réunis à Créteil pour une journée spéciale. Je m’attendais à une nouvelle réunion sur la réforme du collège. Pas du tout : des enseignants de maths, français, EPS (…) sont venus témoigner de leur arrivée en (ex-)« zone d’éducation prioritaire » (ZEP). Ils nous ont raconté des anecdotes, nous ont dit leurs peurs, et la manière dont ils avaient été rassurés petit à petit vis-à-vis des élèves. L’un a raconté un accueil pas très chaleureux dans son établissement. Une autre, les questions qu’elle s’était posées sur sa féminité : jupe et robe en classe ou pantalon toute l’année ? Au final, ils en ont conclu que la discipline était une priorité afin que l’année puisse bien se passer. Un accent a aussi été mis sur l’importance d’une approche explicite de ce qu’on enseigne aux élèves afin qu’ils en comprennent le sens.

J’ai été reçue au Capes en 2015 et j’ai fait ma première année en tant qu’enseignante stagiaire dans un établissement anciennement ZEP de Seine-et-Marne. Je me suis déjà posé la question : « Comment dois-je m’habiller en classe ? ». J’en ai même reparlé avec des collègues. L’une a planifié de porter ses lunettes dès le deuxième jour pour ne pas créer « d’événement » le jour où elle déciderait de les mettre. J’ai pris la même décision concernant les robes : dès le début de l’année. Après, je vais plutôt préférer une robe un peu « neutre », parfois des bijoux mais pas trop. Chaque détail compte devant les élèves : ils remarquent tout ! J’ai d’ailleurs décidé d’être un peu plus autoritaire cette année. Car l’année dernière, certainement par manque d’assurance, j’ai voulu trop tôt leur montrer que j’étais de leur côté et j’ai donc fini par me faire marcher sur les pieds et notamment avec la classe de 3ème…

Le 30 au matin, nous étions environ 150 en amphithéâtre, l’après-midi nous étions regroupés par matière pour recevoir des conseils sur le positionnement vis-à-vis des élèves, quoi faire le jour de la rentrée, etc. Les quatre inspecteurs qui travaillaient avec nous, les profs de langue, étaient extrêmement bienveillants et pas trop directifs. Ils nous ont dit : « Du moment que les élèves apprennent quelque chose avec vous, c’est bon ». J’en suis ressortie pleine de confiance. En me disant, ma rentrée, je l’imagine comme ça : moi, marchant le long des rangées, avec plus d’assurance, et parlant d’une voix forte et distincte, dont l’absence a été un frein l’année dernière.

*Le prénom a été modifié.

(1) Réseau d’éducation prioritaire

(2) Réseau d’éducation prioritaire renforcé

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Temps de lecture : 3 minutes
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