14-05-18, Marseille-Martigues

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 24 mai 2018
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14-05-18, Marseille-Martigues
Marche de solidarité pour les migrants, organisée par l'association l'Auberge des migrants. Etape entre le Muy et Le Luc.
© Cyril Marcilhacy / item

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici.
Coup de stress à la gare Saint Charles. On s’est bien fait rouspéter par les chauffeurs de bus. On squattait la voie…Déso,pas déso. Belle surprise au repas de midi, la mairie de Martigues est venue nous apporter des sandwichs et des pizzas. En fait, la mairie nous a vraiment chouchouté. C’est la deuxième fois que nous sommes reçus par des élus depuis le début de la marche. Nous retiendrons donc Tourves et Martigues.

Des lycéens étaient curieux et avaient l’air intéressés de voir notre cortège mais le car scolaire est arrivé et les a arrachés à nous. Comme je les comprends, j’avais qu’une hâte après une journée de cours c’était de rentrer chez moi. Discours de bienvenue à l’hôtel de ville puis table ronde avec des élus de Martigues et de villages voisins et quelques marcheurs. Chacun prenait la parole comme il le voulait, c’était pas forcément une réunion bien structurée. Ça me décomplexe des réunions d’assos que j’ai pu faire à Calais. Je retiens la volonté générale de faire quelque chose en faveur des migrants mais j’ai pas bien saisi s’il y avait du concret ou pas. Les trois F étaient réunis (Faim Froid Fatiguée) difficile d’écouter des discours à ce moment là : mode survie activé.

« On bombarde chez eux, c’est normal qu’ils aient envie de venir en Europe. » affirme une élue locale. Ma coéquipière bénévole a sorti tout bas : « Ben non, ils pleurent quand ils viennent en France, ils n’ont pas envie…» Ben ouais, c’est plutôt qu’ils n’ont pas le choix de venir ici. Et ça, ça a vraiment fait écho à ce qu’il s’est passé ensuite au bar Des Rallumeurs d’Etoiles. 2 sœurs syriennes de 20 ans et probablement moins ont témoigné. « Si on avait une baguette magique, qu’est ce que tu aimerais changer ou avoir ? – Retourner en Syrie. »

Il y a eu un petit moment d’hésitation ou de surprise avant un tonnerre d’applaudissements. J’ai également retenu d’elles que le plus difficile à l’arrivée en France c’est apprendre la langue et gérer les papiers administratifs en même temps. Pour ma part, je pense qu’il y a aussi toute une nouvelle culture à assimiler, les codes sociaux etc. c’est pas forcément évident non plus.

Le soir repas partagé à la paroisse de Martigues. J’ai rencontré un jeune futur prêtre de 23 ans d’origine vietnamienne. Impossible de faire autre chose que prêtre lorsque que tu te lances dans ces études. J’ai trouvé ça très beau qu’il voue sa vie à sa foi.

© Politis
Publié dans
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Temps de lecture : 2 minutes
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