26-05-18, Lyon-Villefranche

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 27 mai 2018
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26-05-18, Lyon-Villefranche
9 mai 2018. La marche de solidarité pour les migrants traverse la France de Vintimille à Calais, sur 1400km. Marche en direction de Saint-Maximin. Yaya est Guinéen. Après plusieurs mois en Italie, il est arrivé en France. Depuis, il est accueilli dans la maison d'une famille de la commune.
© Cyril Marcilhacy / item

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici.
Dé-ten-due… Cette pause à Lyon m’a rechargée à 50% je dirais, même si elle fut rude à cause de la pression qui est tombée d’un coup. Je continue à me préserver en préférant la logistique à la marche. J’ai profité d’un super massage des pieds avant manger. Puis j’ai profité d’une oufissime séance d’ostéopathie avant dormir. Merci aux ostéo solidaires présents ponctuellement sur nos lieux d’accueil. J’ai jamais eu autant de massages et de séances en si peu de temps. Attention je risque de m’y habituer.

Se détendre, il y en a qui en ont besoin. C’est la deuxième fois qu’on nous menace de porter plainte. Pour une broutille de photo mal interprétée cette fois-ci. On s’est quitté en se serrant la main. Une broutille donc. On ne va pas en faire tout un foin ! (référence au 16-05…)

La prise de parole habituelle à notre arrivée n’était pas si habituelle que ça aujourd’hui. Il y a eu le classique : « Il faut lutter contre ça en faisant comme ça » « Nous on fait ça » « C’est en s’unissant qu’on y arrivera » et puis un appel à bénévoles clair et précis : « Rendez-vous à telle date telle heure », ce qui est un peu plus rare. Et puis enfin la chose qui m’a captivée : deux ados dont un qui a expliqué sa venue jusqu’en France et l’autre qui nous a plutôt raconté sa vie ici. La femme qui les accompagnait sur l’estrade avait tendance à les materner alors que ce qu’ils racontaient me donnait une image d’eux incroyablement débrouillards et autonomes. C’était tellement pas cohérent que je me suis sentie gênée. J’avais envie de dire à la femme d’arrêter. Bref, ils sont ici dans un hôtel. Il n’y en a qu’un sur six qui a accès à l’école. Les cinq autres n’ont rien à faire de la journée. Des cours sont donnés par des bénévoles mais l’hôtel ne leur laisse pas des masses accès aux salles. J’ai pas bien compris pourquoi ils sont à l’hôtel. Ce que j’ai appris à Calais ne s’applique pas ici car ce n’est pas un lieu de transit d’une frontière à une autre. Mais le nombre d’ados fluctue quand même. J’ai beaucoup à apprendre. Et eux n’attendent que ça.

Une phrase m’a marquée venant de celui qui est né en 2001 : « Ils m’humilient alors je leur répond juste que je suis pauvre. » J’ai buggué quand il a sorti sa date de naissance : 2001, ce sont mes premiers bonbons payés en euros à la boulangerie.

© Politis
Publié dans
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Temps de lecture : 2 minutes
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