11-06-18, Bray-sur-Seine-Montereau

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 12 juin 2018
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11-06-18, Bray-sur-Seine-Montereau
Étape de Belleville-sur-Saône à Macon. Arrivée à Mâcon. 28 mai 2018.
© Nicolas Leblanc

Bon, j’ai réfléchi et j’ai compris que ce qu’il s’est passé hier au moment du repas : c’est parce que la personne qui nous a demandé d’attendre pour nous servir avait peur qu’il n’y ait pas assez de nourriture pour tout le monde. Je n’avais pas vu ça du tout. Elle avait raison, tout a été mangé…

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici.
Il a plu toute la journée, c’était pas la journée la plus facile. Quand la pluie commence à tomber j’ai toujours un petit moment de panique. Genre : il faut vite se mettre à l’abri sinon je vais mouriiiiir. Ben là, pas le choix. « T’avais qu’à dépenser plus de fric dans un meilleur matos si t’es trempée… » Ça n’a pas loupé : 5 minutes de pluie d’orage ont suffi à tremper mes chaussures waterproof. Et mon coupe-pluie emprunté à la charity shop [*] s’avère n’être qu’un coupe-vent. À la fin, je ne contournais même plus les torrents d’eau qui s’étaient formés. Mes pieds faisaient déjà flap-flop dans les chaussures. Autant y aller à fond. La pluie passée, j’ai opté pour le séchage à l’air libre pour le haut et pour les chaussures, j’essorais mes chaussettes toutes les 10 minutes pour qu’elles absorbent l’eau qui s’infiltrait entre mes orteils. Douche habillée. Bref, j’ai attrapé une rhinite.

À midi, j’attendais le deuxième passage de la Kangoo pour ramener au camping les personnes qui ne peuvent être solidaires lorsqu’ils sont trempés. Entre deux éternuements en regardant des vidéos YouTube pour ne pas penser à ce début de journée plus que pénible, je tombe sur une vidéo de développement personnel. « On se voit toujours comme le gentil de notre histoire sans penser que nous pouvons être le méchant de l’histoire de l’autre ». Ça a fait tilt avec ce que j’ai vécu hier. Ça m’a soulagée de comprendre ça et tout le reste de la journée était comme ensoleillée malgré la grosse pluie.

[*] Friperie de l’entrepôt de l’Auberge des migrants

© Politis
Publié dans
Les blogs et Les blogs invités
Temps de lecture : 2 minutes
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