Chronique jardin déja déconfinée; la courgette et ses fleurs délicieuses

Culture facile d’un légume vieux de 10 000 ans

Claude-Marie Vadrot  • 5 mai 2020
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Il y aura bientôt une cinquantaine d’année que j’ai commencé à bêcher mon jardin des environs de Gien, dans la Loiret, je ne savais pas grand-chose de la terre, ayant oublié ce que j’avais vu et essayé dans la ferme morvandelle de mes grands parents. J’ai vite compris que je me créais une addiction qui dure encore et qui m’a servi d’antidote à chaque retour de couverture journalistique d’un conflit armé lointain, de la guerre du Bangladesh aux Balkans en passant par la Tchétchénie ou le Rwanda. Le jardin potager et fruitier, c’est une ascèse, un remède, un plaisir et une façon de se nourrir. Deux fois par semaine je raconterais ce que je fais, ce que cela m’inspire et à quoi cela sert.

La courgette. Plutôt les courgettes, plutôt même les courges, car les variétés de ce légume qui n’est parfois qu’un «objet » décoratif, sont légion. La courgette, qui n’est qu’une courge immature, il y en a des vertes, des quasiment noires, des jaunes, des blanches ou des rondes dites de Nice. Et puis il y a les potirons, les citrouilles et leurs nombreuses déclinaisons ou encore les potimarrons ou les pâtissons qui ont tous des ancêtres cucurbitacées découverts par Christophe Colomb et quelques autres aventuriers de la vieille Europe. Ils en ont rapporté des graines séchées.

© Politis

courgette semée il y a trois semaines

Ce sont ces « pépins » dont taille permet de présumer du type et de la grosseur du fruit à venir qu’il est possible de planter fin avril ou début mai, car ce légume a besoin d’un peu de chaleur. Et surtout, comme la plupart des légumes de printemps, il est gélif, c’est-à-dire détruit ou endommagé par le gel. Une opération aisée car il suffit de les placer à plat dans un petit trou profond de deux ou trois centimètres à arroser régulièrement pour que le pépin germe. Il est également possible de le disposer dans des petits godets biodégradables, ce qui permet ensuite d’enterrer ces pots garnis de terre de semis ; dés que la germination a donné des plants surmontés de deux ou trois petites feuilles, les mettre en terre ; et les fleurs commencent à apparaitre deux mois plus tard. Et peu à peu, le pot se dissout dans le sol. Le concombre, qui est une autre cucurbitacée mais qui est lui originaire des pentes de l’Himalaya et de l’Inde se cultive exactement de la même façon.

Si ce légume qui servait autre fois de réserve d’eau aux voyageurs traversant un désert de pierres ou de sable, a commencé à être cultivé en Asie il y a trois millénaires la culture des courges se pratiquait déjà il y a une dizaine de milliers d’années en Amérique centrale dont les habitants de l’époque, comme les populations découvertes par les conquérants espagnols, n’en consommaient que les graines séchés au soleil. Ce sont elles que les pillards de la péninsule ibérique emporterèrent puis avant de les semer et de découvrit que leur chair, assaisonnée, pouvait agréablement se manger. Ce n’est qu’au XVIII° siècle que les Espagnols et les Italiens découvrirent que les courges, cueillies prématurément étaient meilleures, tendre et sans beaucoup de pépins. Ils venaient d’inventer la courgette dont la longueur normalisée, lors de la vente aux consommateurs est en France (sauf si elle est ronde) ne doit pas dépasser une vingtaine de centimètres. D’ailleurs, plus elle est petite, plus elle est savoureuse. Les amateurs de courgettes doivent être attentifs car une fois formées il ne faut que quelques jours pour qu’elles atteignent leurs (petites) tailles optimum.

Restera plus aux gourmets qu’à s’intéresser aux belles et grosses fleurs jaunes. Elles sont plutôt éphémères mettant une journée, au mieux deux, avant de flétrir irrémédiablement, qu’elles soient mâles ou femelles. Seule cette dernière un fruit si elle est fécondée. Quand on veut s’offrir des beignets de courgettes en les plongeant dans une pâte légère (une vraie friandise !) il faut savoir choisir pour ne par compromettre la récolte. Pas facile, faut s’entrainer en sachant que la mâle se trouve au bout d’une petite tige bien dressée alors que la femelle est plus trapue et que l’on peut distinguer l’amorce du futur fruit. Faut s’entrainer pour ne pas (trop) se tromper…

(à suivre: les fraises)

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