Les écologistes doivent renoncer à la course présidentielle

Ils s’imposeront dans le pays en occupant la majorité des exécutifs locaux

Claude-Marie Vadrot  • 6 juillet 2020
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Les commentateurs brevetés qui peuplent les médias ont lancé une nouvelle et grande discussion sur les personnalités qui représenteraient les écologistes à la prochaine élection présidentielle. Les « nommés » se prêtent plus ou moins à ce petit jeux. Mais sans se poser, eux non plus, la question la plus importante : l’Ecologie a-t-elle besoin ou vocation de briguer voir à occuper ce poste de direction du pays ?

Les succès que viennent d’obtenir les écologistes, avec ou non, l’appui du parti socialiste et de rassemblements citoyens, devraient les inciter les écolos à rester plus modestes, mais surtout rester plus efficaces. Et également plus pragmatiques comme aiment à dire les marcheurs. Ils doivent donc continuer à se concentrer à viser les exécutifs locaux, départementaux et régionaux. C’est-à-dire le champ de la réalité quotidienne. Ils doivent donc continuer de montrer sur le terrain comment et pourquoi leurs solutions changent la vie et contribuent à améliorer les quotidiens des citoyens. Ils doivent expliquer par les changements visibles et immédiats pourquoi les questions agricoles, les transports, les pollutions des terres et des rivières, les erreurs urbaines, les menaces climatiques, la baisse inquiétante de la biodiversité peuvent se résoudre qu’à partir des actions menées par des exécutifs dirigeant des villages et des villes. Et non pas depuis le donjon du Château.

Gestion écologique de base

Les écologistes, quelles que soient leurs nuances ou divergences, ne doivent pas viser le pouvoir suprême mais apporter les preuves qu’ils peuvent changer la vie quotidienne et donc être le pouvoir qui s’impose et agit progressivement comme une évidence. Autant la démonstration et les avertissements apportés par la candidature de René Dumont en 1974 étaient nécessaires, autant il est inutile de courir après la « Présidence » en multipliant les compromis et les renoncements que nul ne leur demande sur le terrain. Là où les améliorations et les changements sont les plus visibles sans qu’il soit utile qu’un pouvoir présidentiel promulgue encore plus de textes de loi ménageant la chèvre et le choux avec les mots d’une technocratie éloignée du réel. Pendant la période de confinement des millions de citadins, de banlieusards et de ruraux, ont trouvé, seuls ou en groupes, des solutions qui ne passaient pas par des achats compulsifs de pâtes et de conserves. Ils ont trouvé, seuls ou avec l’aide des écologistes, à la fois les chemins de l’entre-aide, des producteurs, d’une alimentation cuisinée à la maison et des jardins où les fleurs ont laissé de la place aux légumes.

Les écologistes et ceux qu’ils rassemblent dans les actions territoriales au quotidien n’ont besoin ni de la « planification écologique» prônée par Jean-Luc Mélenchon, ni de nouvelles lois pour organiser leurs vies de Communes, de Départements ou de Régions et leurs territoires d’élection, puisqu’elles existent déjà toutes mais sans être vraiment appliquées ou bien détourné. Pour écologiser la France nul besoin d’un président vert prisonnier des groupes de pression et seule la contagion lancée par des élus locaux ou régionaux donnant l’exemple ne peut changer progressivement la gestion du territoire.

Proclamant qu’ils ne réclament plus le pourvoir suprême, les écologistes gagneraient en crédibilité…

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