CLIMAT: quand la Chine sabote un accord entre la république de Kiribati et celle des iles Fidji

Claude-Marie Vadrot  • 6 mars 2021
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Les Chinois détournent des dizaines de milliers d’hectares Il y a cinq ans, de nombreux pays, l’ONU, les Conférences climatiques et les écologistes, applaudissaient à une initiative généreuse du gouvernement de la République des Îles Fidji qui regroupe 300 îles sur lesquelles vivent 900.000 habitants. Il s’agissait de vendre, ce qui fut fait, à un prix raisonnable, une parcelle de 22 kilomètres carré sur l’île de Vanua Levu, la seconde grande île de l’archipel fidjien, à un autre État de l’Océan pacifique menacé par la montée des eaux : la République des Kiribati.
Cet État archipélagique à cheval sur l’équateur et l’antiméridien (180° (la ligne des changements de date) est composé de trois archipels, les îles Gilbert, les îles Phœnix et les îles de la Ligne, regroupant au total 32 atolls, et de l’île de Banaba, mais son territoire émergé n’est que de 730 kilomètres carrés sur lesquels vivent 120.000 habitants. Cette république fait partie de la trentaine d’îles-États menacées par l’élévation du niveau des mers et océans. Tout simplement parce que son altitude au dessus de la mer oscille entre 50 centimètres et deux mètres. La moindre tempête y pousse donc l’eau de mer malgré les efforts constants des habitants menant une lutte permanente et dérisoire.

L’espace de vie se réduit donc dans cette république mais surtout les submersions par les eaux salées qui peuvent durer de quelques jours à plusieurs mois stérilisent la terre, souvent définitivement, interdisant les cultures. Car les pluies, désormais plus fréquentes en raison du bouleversement climatique ne suffisent plus pour « lessiver » le peu de terres agricoles.

**Hold up chinois**

Donc l’accord avec la République de Fidji, permettait à plusieurs dizaines de milliers d’habitants de Kiribati de s’exiler progressivement pour cultiver des fruits et légumes dont une partie serait transportée vers leur pays par bateaux. Mais le Président Taneti Mamaau, récemment, élu semble avoir échangé l’acceptation que Kiribati ne rompe pas ses relations politiques et économiques avec Taiwan en échange du droit de transformer les terres achetées à la République des Fidji, en une vaste exploitation maraichère et agricole dont ils auraient seuls la responsabilité. Ceci moyennant un loyer versé aux Kiribatis. Les préoccupations géopolitiques de la Chine ont donc réduit à néant une initiative climatique passionnante et généreuse.

Car la République de Kiribati reste propriétaire des terres achetées mais peut plus les utiliser comme elle le souhaite. Mais les dirigeants des responsables de la République de Fidji ne peuvent pas revenir sur leur initiative. Avec ce coup de poker réussi que nul n’a vu venir, les Chinois ont réussi à s’implanter au cœur de l’Océan Pacifique et y construire plus ou moins discrètement les bases techniques et militaires dont ils rêvaient. Aux dépends d’une idée qui donnait de l’espoir pour une aide concrète et mutualisée dans les espaces menacés par une mer qui monte inexorablement.

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