Aux petits soins

Ingrid Merckx  • 15 février 2007 abonné·es

Quoi de neuf, docteur ? La loi du 4 mars 2002 sur les droits des patients n’aurait pas suffi à enrayer le système selon lequel, en France, la personne malade, quand elle fait appel au corps médical, cesse d’être un individu et un citoyen pour s’en remettre corps et âme au diagnostic du savant omnipotent. Héritage « d’un vieux pays féodal et patriarcal » qui peine à voir les patients/clients sortir d’une attitude de soumission. C’est pourquoi le bon docteur Winckler (l’auteur de la Maladie de Sachs ) reprend sa guerre anti-carabins entamée dans les Trois Médecins, et s’associe avec Salomé Viviana, magistrate spécialiste en droit de la santé, pour publier un guide pratique sur les droits du patient.

Droit de choisir son médecin, droit au respect et à l’écoute, droit à la confidentialité, droit d’être informé, droit de consentir (ou non) aux examens et aux traitements, droit de ne pas souffrir, droit de faire une pause, droit de demander réparation, droit d’être représenté et droit de partager : les deux auteurs recensent et commentent différents points de droit qui ont aussi le mérite de faire écho à des questions de société. Tels la confidentialité du dossier médical ou les problèmes entourant le traitement de la douleur. Selon eux, ce livre est le premier à aborder le sujet en adoptant le triple point de vue du patient, du soignant et du juge. À dire vrai, le point de vue du premier est nettement privilégié. Martin Winckler et Salomé Viviana entendent rendre justice aux patients et leur donner les moyens de se défendre, voire d’attaquer. Louable entreprise si l’on considère l’ensemble des malades comme une communauté opprimée. La question de la judiciarisation de la médecine est bien trop vite balayée. Et qu’en est-il des cas d’abus, ou du pouvoir des assurances par exemple ? Les Droits des patients est un guide plutôt partial qui, sous couvert d’inviter le patient à exercer sa citoyenneté, dissimule mal son envie de dresser une sorte de code moral à l’intention des collègues.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Les meurtres racistes actuels sont le prolongement du chemin intellectuel de l’AFO »
Entretien 3 juillet 2025 abonné·es

« Les meurtres racistes actuels sont le prolongement du chemin intellectuel de l’AFO »

Avocat de la Ligue des droits de l’Homme dans le procès du groupe d’extrême droite appelé Action des forces opérationnelles, Mohamed Jaite évoque la façon dont le racisme a été abordé au cours des audiences, parfois pour diluer les responsabilités.
Par Pauline Migevant
Commission d’enquête Bétharram : « L’État a cassé et sali des enfants par milliers » 
Interview 2 juillet 2025 abonné·es

Commission d’enquête Bétharram : « L’État a cassé et sali des enfants par milliers » 

Le rapport d’enquête sur les violences commises au sein des établissements scolaires réalisé à la suite du scandale de Notre-Dame-de-Betharram a été rendu public, ce mercredi. Politis a demandé à Claire Bourdille, fondatrice du Collectif Enfantiste, de réagir à cette publication.
Par Élise Leclercq
« Noire, musulmane, fille d’ouvriers : c’est de là que j’ai écrit un dictionnaire du féminisme »
La Midinale 2 juillet 2025

« Noire, musulmane, fille d’ouvriers : c’est de là que j’ai écrit un dictionnaire du féminisme »

Rokhaya Diallo, journaliste, réalisatrice et autrice du Dictionnaire amoureux du féminisme aux éditions Plon, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant