Le G8 volontariste face à la crise

Patrick Piro  • 7 juin 2007 abonné·es

Jamais le G8, club des huit pays les plus riches de la planète ­ et les plus pollueurs, par habitant ­, n’avait pris autant au sérieux la crise climatique. Les rapports scientifiques et économiques y sont pour beaucoup. Mais aussi la volonté de l’Allemagne, qui accueille cette année le sommet à Heiligendamm (6-8 juin), bien décidée à sortir des « compromis mous ». Appuyée par la Grande-Bretagne et par la France ­ premier test « écolo » international pour le tandem Sarkozy-Juppé ­, elle sera porte-étendard d’une Union européenne plus volontariste que jamais, affichant l’objectif d’une réduction de 30 % des gaz à effets de serre (GES) à l’horizon 2020.

Intérêt du sommet : les États-Unis, face à leurs « pairs », devront se départir de leur coutumière obstruction sur le sujet. Bush a ainsi présenté son « plan international » : définir d’ici à fin 2008 avec les gros producteurs de GES ­ dont la Chine et l’Inde ­ un « objectif global à long terme » de réduction. Si l’ère du déni semble « oubliée », après leur bruyante sortie du Protocole de Kyoto en 2001, les États-Unis affirment une stratégie radicalement opposée à celle de l’Union européenne, qui veut une adhésion à des plafonds chiffrés (par pays), et les Nations unies comme cadre des négociations.

Signe supplémentaire d’attention pour ce G8, la Chine, dont le président Hu Jintao est invité à Heiligendamm, vient aussi de présenter son plan antiréchauffement. Pas de surprise, il y est surtout question de préserver ses objectifs de développement économique. Et de rejeter par avance le titre de nouveau « pays le plus émetteur de CO2 de la planète », qui lui est promis sous peu, mais au prix d’un escamotage qui arrange bien les États-Unis, détrônés : un Chinois émet toujours près de 5 fois moins qu’un Étasunien, imbattable avec 20 tonnes de CO2 par an.

Heiligendamm, où devait être confirmé le consensus sur l’objectif de limiter la hausse des températures à 2 °C, sera ainsi la première grande revue d’effectifs de l’ère de grandes manoeuvres qui est engagée. En vue, la conférence annuelle des Nations unies sur le dérèglement climatique à Bali, à la fin de l’année, pour lancer enfin de vraies négociations sur la suite du Protocole de Kyoto.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Le changement climatique fait de plus en plus de victimes
Décryptage 3 novembre 2025 abonné·es

Le changement climatique fait de plus en plus de victimes

À l’approche de la COP 30, la crise climatique continue de s’aggraver. Si le phénomène s’intensifie, l’injustice climatique, elle, demeure. Pendant que les plus vulnérables sont en première ligne, une minorité d’ultra-riches continue d’alimenter ce dérèglement.
Par Maxime Sirvins
Dans l’archipel du Bailique, au Brésil : « Je crois qu’ici, tout va disparaître »
Reportage 3 novembre 2025 abonné·es

Dans l’archipel du Bailique, au Brésil : « Je crois qu’ici, tout va disparaître »

Au nord de Belem où se tient la COP 30, l’archipel du Bailique est en train de disparaître, victime de l’érosion des terres et de la salinisation de l’eau. Une catastrophe environnementale et sociale : les habitant·es désespèrent de pouvoir continuer à habiter leurs terres.
Par Giovanni Simone et Anne Paq
COP 30 : « L’accord de Paris est comme un phare, mais ce n’est pas une baguette magique »
Entretien 3 novembre 2025

COP 30 : « L’accord de Paris est comme un phare, mais ce n’est pas une baguette magique »

Marine Pouget, responsable « gouvernance internationale » pour le Réseau Action Climat, souligne le manque d’ambition des États en matière climatique et appelle à changer le modèle des COP pour aller vers plus de concret.
Par Vanina Delmas
Marie Toussaint : face à la destruction de l’Europe verte, « tenir le coup et se battre »
Entretien 21 octobre 2025

Marie Toussaint : face à la destruction de l’Europe verte, « tenir le coup et se battre »

L’eurodéputée écologiste raconte les coulisses du détricotage en cours du Pacte vert orchestré par la Commission européenne et appelle à une prise de conscience en France.
Par Caroline Baude et William Jean