Le cancer des pressings

André Cicolella  • 5 juillet 2007 abonné·es

Le règlement européen Reach est entré en vigueur le 1er juin. Le processus va durer onze ans. Sur 100 000 substances chimiques mises sur le marché, 30 000 sont concernées, mais, en fait, seules 12 000 subiront une vraie évaluation. Parmi les substances qui forment notre environnement, 97 % nous sont inconnues du point de vue de leurs effets, et quand on leur découvre des impacts sanitaires, elles ne sont pas systématiquement supprimées. L’amiante n’est pas un cas isolé. Le plan cancer n’a retenu que quatre facteurs de risque professionnel : amiante, benzène, rayonnements ionisants, poussières de bois et… c’est tout ! Pourtant, bien d’autres cancérogènes sont présents au travail et dans notre environnement à des niveaux de risques élevés. L’exemple des pressings en est une illustration. Le perchloréthylène est le principal solvant utilisé dans le nettoyage à sec. Il est classé cancérogène probable par le Centre international de recherche contre le cancer, car il induit des tumeurs chez l’animal (foie, reins, leucémies). Cancers que l’on retrouve en partie aussi, et avec d’autres, chez les travailleurs des pressings. Il est aussi responsable d’effets neurologiques, hépatiques et rénaux. Au point que les États-Unis, en juillet 2006, ont interdit ce procédé de lavage dans les installations nouvelles. De plus, il existe des solutions de remplacement tout aussi efficaces et moins toxiques, comme l’utilisation du gaz carbonique liquéfié.

Pourquoi continue-t-on à l’utiliser en France ? L’excès de cancer est d’un cas sur 6 pour les travailleurs (soit le niveau de la roulette russe !), et d’un sur 300 pour les riverains ! Voir le cas récent de M. D., qui tient un restaurant à Rennes juste à côté d’un pressing : lui et son associé commencent à ressentir des troubles neurologiques (grande fatigue, maux de tête, douleurs dans les jambes) au point d’être hospitalisés. Quand ils quittent le restaurant, les troubles disparaissent. Ils finissent par soupçonner les émanations du pressing. Ils font effectuer, à leurs frais, une analyse de l’air. Résultat : présence de perchloréthylène à des concentrations atteignant 10 fois la norme de l’Organisation mondiale de la santé. Réponses des institutions : circulez, rien à voir, puisque vous êtes très loin de la norme professionnelle, qui correspond à un excès de cancer d’un cas sur 6 ! Belle illustration de la carence de la lutte contre le cancer en France et de la nécessité d’accélérer la mise en oeuvre de Reach.

Écologie
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