Le plaidoyer de Martelli

Le PCF et la « gauche antilibérale » ne peuvent se contenter d’une refondation, estime l’historien communiste Roger Martelli. Plusieurs sont nécessaires.

Michel Soudais  • 13 septembre 2007 abonné·es

L’engagement de Roger Martelli en faveur d’une refondation du parti communiste est connu. L’historien, qui a exercé des responsabilités dans la direction du PCF, figure parmi les principaux animateurs de ce que l’on a appelé les « refondateurs ». Ce n’est donc pas une surprise de le voir enfourcher de nouveau son cheval de bataille, au lendemain de la plus sévère défaite électorale que son parti ait connue. À ce détail près que le PCF n’est plus le seul objet de son attention.

« À la différence de 2002, c’est la totalité de la gauche qui est en panne » , diagnostique l’auteur. Préoccupé par la disparition de son parti, qui n’est pas simplement un « parti révolutionnaire anticapitaliste » , selon une définition réductrice, mais « un parti qui a su porter la contestation radicale de l’ordre établi au coeur même des institutions » et « tisser des liens entre sphère sociale et vie politique » , il plaide certes pour que le PCF fasse preuve d’audace en s’engageant sans hésiter dans « la constitution d’une force transformatrice unique, à côté du Parti socialiste » . Mais soutient également que pour la gauche dite « antilibérale » « le temps des simples toilettages est révolu ». « Dans ces temps de fins de cycles et de recomposition qui s’engagent, les refondations se pensent ensemble » , écrit-il. Et il n’est plus temps de tergiverser.

Il ne suffit plus, selon lui, de juxtaposer des formations existantes et des collectifs dans une vaste mouvance. L’histoire de ces dernières années montre que les rassemblements à géométrie variable n’ont pas de force, faute d’être identifiables. Si les forces de transformation, PCF compris, veulent objecter au projet sarkozyen un projet au moins aussi cohérent, plus attractif et plus dynamique, si elles ne veulent pas se résigner à une alternance entre libéral-populisme et social-libéralisme, elles doivent affirmer sans attendre l’objectif stratégique de la constitution d’une force. Ce rassemblement durable de la gauche de transformation sociale constitue, à ses yeux, une « urgence absolue » pour au moins deux raisons : rien ne dit que la combativité sociale, observée depuis une quinzaine d’années, ne finisse par s’émousser faute de perspective politique ; en l’absence d’alternative, la contre-révolution libérale renforce l’attractivité du social-libéralisme, perçu comme un moindre mal, installant un peu plus un bipartisme démobilisateur.

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