Sursaut humaniste…

Politis  • 4 octobre 2007 abonné·es

Les sénateurs plus à gauche que les députés ? Emblématique du programme présidentiel, le projet de loi sur l’immigration voté à l’Assemblée le 20 septembre a pris une veste au Sénat, le 26. L’esprit du texte de Brice Hortefeux a choqué en tant que « non-conforme à la tradition humaniste et aux valeurs républicaines de la France » . Exit le niveau de ressources fixé à 1,33 Smic pour les familles de six personnes ou plus, l’obligation pour les conjoints étrangers de suivre une formation linguistique pour obtenir un visa et… l’article de Thierry Mariani ouvrant la possibilité de recourir à des tests ADN à des fins de contrôle migratoire (voir en rubrique Résistances). La suite, cette semaine, en séance publique.

… pressions…

En attendant, le gouvernement a tenté de rappeler les sénateurs à l’ordre lors des journées parlementaires de l’UMP organisées deux jours plus tard à Strasbourg, d’après Libération du week-end. « Même édulcoré par les députés, les francs-maçons, les catholiques et la gauche ne veulent pas en entendre parler : autant dire qu’il n’y a pas de majorité au Sénat pour voter cette mesure » , aurait précisé un élu. Pour Jean-Claude Gaudin, proche de Mariani, celui-ci « est dans son droit mais il a compliqué la vie de la majorité. Les tests ADN, il eût mieux valu qu’on n’en parlât point ». Un amendement peut toujours en cacher un autre : les sénateurs ont également refusé le n° 69, encore signé Mariani, qui réduit le délai de recours devant la Commission de recours des réfugiés (CRR) d’un mois à quinze jours. Les avocats concernés ont fait grève, vendredi dernier, pour protester.

… et boycott

Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, a prévu d’inaugurer, le 8 octobre, un Institut d’études sur l’immigration et l’intégration (IEII). Sa mission ? Mettre en réseau chercheurs, administrations et entreprises dans une sorte de guichet unique scientifique sur ces questions. Or, s’indigne Jérôme Valluy, professeur de sociologie politique à Paris-I et membre du réseau Terra (Travaux, études, recherches sur les réfugiés et l’asile), « à quelques exceptions près, les chercheurs réunis dans le « groupe de travail » de l’IEII n’ont pas de compétences dans le domaine scientifique et ont, de toute évidence, été sélectionnés sur des critères politiques ou simplement par défaut, après les nombreux refus de spécialistes du domaine de rejoindre cet institut ». Une « légion étrangère » avec la « caution » de Sciences-Po Paris et de l’EHESS fustige ce chercheur qui, au nom de l’indépendance et de l’autonomie de la recherche, appelle au boycott. Il dénonce « le contrôle politique de la production des savoirs~».

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