Le triomphe de l’insolence

Une histoire des régimes soviétiques avec le rire brandi comme outil de résistance.

Jean-Claude Renard  • 27 mars 2008 abonné·es

Parmi d’autres réflexions, celle-ci : « Que se passerait-il si l’Arabie Saoudite devenait communiste ? Au début, pas grand-chose, mais le sable viendrait vite à manquer ! » Cette autre, encore : « Le capitalisme est l’exploitation de l’homme par l’homme ; le communisme c’est exactement le contraire ! »

Suivant l’histoire depuis la révolution russe, Ben Lewis entreprend d’observer les régimes successifs par le biais du rire. Où l’on observe que plus le gouvernement est dur, plus les blagues sont réussies, tant « la faucille rend marteau » . Cible privilégiée : les privations, l’économie, la police secrète.

Il y a matière à rire, d’un rire noir ou jaune, en tout cas désespéré, quand bien même les éclats tombent pour mieux conjurer, braver, résister. Cabarets improvisés, journaux clandestins, réunions de famille: les genres ne manquent pas pour s’exprimer. Non sans risque. Ben Lewis, qui ne se garde pas d’un anticommunisme primaire, raconte ainsi ceux qui, pour un mot d’esprit ou une caricature, ont été condamnés à la prison, aux travaux forcés. Humoristes, chansonniers, écrivains, dessinateurs. À leurs témoignages s’ajoutent ceux de dissidents, politiques, journalistes et historiens. À regarder de près le gouvernement russe actuel, le rire a quelques belles années devant lui.

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