Enfin le boom ?

Claude-Marie Vadrot  • 10 juillet 2008 abonné·es

Lors du colloque organisé le 27 juin à Aix-les-Bains par l’Association européenne de l’industrie photovoltaïque (Epia), celle-ci a tenté, avec l’aide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), de convaincre les centaines de professionnels présents que le soleil brille autant en France qu’en Allemagne ou en Espagne. Promouvant ainsi un développement gâché dans les années 1980, quand la France fut empêchée par EDF de se lancer dans l’utilisation de l’énergie solaire.
Sans trace d’un remords, le représentant d’EDF a expliqué que le photovoltaïque est désormais en expansion rapide en métropole : en 2007, l’électricien a reçu 7 000 demandes de raccordement pour des productions individuelles ; fin mai 2008, on atteignait les 9 000 ; on en prévoit 22 000 pour l’année entière, et 60 000 pour 2009. Ces demandes concernent l’installation, facturée entre 600 et 1 100 euros, de doubles compteurs mesurant la production d’énergie et la consommation.

La production d’énergie photovoltaïque permet aux particuliers de se sentir à l’abri d’une rapide augmentation du prix de l’électricité et d’organiser leur autonomie, au moins relative. La rentabilité financière est atteinte en six à huit ans ; ensuite, l’électricité fournie par les panneaux ou les tuiles photovoltaïques, réputés durer au moins vingt-cinq ans, est gratuite. Mais, malgré les 300 personnes qui, pour EDF, s’occupent des raccordements, le délai d’attente du branchement est de six mois alors qu’il est de deux semaines en Allemagne.
Lors de cette rencontre, les partisans des « centrales solaires » et ceux de l’équipement individuel se sont affrontés. L’Espagnol Ernesto Macias, président de l’Epia, a alerté : « Il faut revenir au local en se souvenant que tout ce qui est “central” implique des connexions coûteuses et des pertes énergétiques. Il est encore temps de faire petit, mais il faut se dépêcher. » Autre commentaire entendu : « Si on laisse faire le marché, on se plante. Il est incompréhensible que les politiques français freinent alors que 90 % des Français veulent cette technologie. » Et une interrogation : « Après avoir laissé passer le train de l’éolien, la France laissera-t-elle passer celui du solaire ? » La réponse est aussi entre les mains des architectes de Bâtiments de France, dont le représentant a dû admettre qu’ils sont plus sourcilleux face à un toit solaire que face à des publicités ou des bâtiments commerciaux désastreux.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre